Une tendance inattendue se dessine dans les échanges commerciaux entre le Cameroun, le Maroc et tout autre pays africain. Contre toute attente, la Côte d’Ivoire a détrôné le Royaume Chérifien pour devenir en 2023 le premier fournisseur africain de l’économie camerounaise.
Les dernières données de l’Institut national de la statistique du Cameroun sont éloquentes. Avec près de 76 milliards de francs CFA de biens exportés l’an dernier vers Yaoundé, la nation ivoirienne a vu ses expéditions bondir de 218% en trois ans, lui permettant de ravir la première place au Royaume chérifien.
Un palmarès inédit qui tranche avec les hiérarchies établies. Si le Maroc cultive une image de partenaire commercial de premier plan, la dynamique ivoirienne remet aujourd’hui les compteurs à zéro dans cette région d’Afrique centrale.
Les marchandises d’Abidjan ont ainsi représenté 16% des importations camerounaises en 2023, une prouesse dans un contexte de rude concurrence avec d’autres poids lourds africains.
A l’inverse, les flux commerciaux en sens inverse demeurent limités, la Côte d’Ivoire n’émergeant pas parmi les 10 principaux clients du Cameroun.
Ce décrochage inattendu du Maroc intervient dans un contexte économique délicat pour le Cameroun. En 2023, ce pays a essuyé un déficit commercial record de plus de 2000 milliards de francs CFA, soit une dégradation de 40,3% sur un an.
Signe d’une forte dépendance aux importations que le dynamisme des exportations, notamment avec ses voisins de la CEMAC, ne parvient pas à compenser.
Si les causes de ce revirement de situation au profit d’Abidjan restent à analyser, ce chamboulement des rapports de force illustre à quel point les équilibres commerciaux en Afrique peuvent être mouvants.
Dans cette nouvelle donne, le Maroc devra redoubler d’efforts pour se réinventer durablement comme incontournable interface économique avec le Cameroun et tout autre pays africain.
Faute de quoi, d’autres nations ambitieuses comme la Côte d’Ivoire pourraient bien continuer à lui ravir des parts de marché stratégiques.
Une concurrence réjouissante qui promet d’apporter un vent de compétitivité nouveau sur le vaste échiquier commercial du continent africain.
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