Mali / Pénurie de carburant : le gouvernement rassure

pénurie de carburant Mali

Crédits photo : DR

Le Mali vit sous pression depuis septembre à cause d’une pénurie de carburant artificiellement crée. Concrètement, les groupes armés ciblent les camions-citernes sur les axes routiers. Les prix flambent, les stations s’assèchent. Pourtant, selon Abdoulaye Diop, ministre des Affaires étrangères, la situation évolue.

Les attaques contre les convois de carburant perturbent l’approvisionnement du pays depuis la mi-septembre. Le Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans, affilié à Al-Qaïda, bloque les importations en provenance du Sénégal et de la Côte d’Ivoire, par où transitent presque tous les biens importés dans ce pays enclavé. Le gouvernement a réagi.

Des escortes militaires accompagnent désormais chaque convoi vers la capitale et les régions. Une commission de crise, placée sous l’autorité du Premier ministre, se réunit chaque semaine pour coordonner les opérations.

Les premiers résultats se font sentir. La reprise progressive de l’approvisionnement en carburant dans la nuit du 29 au 30 octobre constitue un premier pas vers le retour à la normale, selon les autorités. Le Premier ministre Abdoulaye Maïga a salué le travail accompli par les forces armées et les chauffeurs de citernes, évoquant des « conditions extrêmement périlleuses ». « Le carburant que nous recevons, ce n’est pas du simple carburant, c’est du sang humain », a-t-il déclaré lors d’une rencontre avec les autorités religieuses et traditionnelles.

La crise a néanmoins laissé des traces profondes. Les écoles et universités ont fermé leurs portes du 27 octobre au 10 novembre, les difficultés d’approvisionnement ayant paralysé leur fonctionnement. À Bamako, des files de plusieurs kilomètres se forment devant les rares stations encore approvisionnées.

Le rationnement limite les achats à 10 000 francs CFA par client, soit environ 13 litres d’essence. Enfin, les pannes d’électricité s’aggravent, la production d’Énergie du Mali passant de 19 heures à seulement 6 heures par jour.

Abdoulaye Diop, lors d’un entretien accordé à Al Jazeera, a replacé ces événements dans un contexte plus large. « Ce n’est pas la première crise pour le Mali. Depuis dix ans, nous faisons face simultanément à des défis sécuritaires, économiques et politiques », a-t-il rappelé. Selon le ministre, le changement de tactique des groupes armés – qui ciblent maintenant les infrastructures civiles et logistiques plutôt que les positions militaires – révèle leur affaiblissement sur le terrain. Les forces maliennes leur auraient « infligé des revers importants », forçant ces groupes à adapter leur stratégie.

Le gouvernement mise sur la coopération régionale pour surmonter la crise. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso ont créé la Confédération des États du Sahel, visant à mutualiser leurs capacités militaires et économiques. Parmi les projets en cours figure la création d’une banque d’investissement et de développement du Sahel.

Bref, Bamako compte sur ses voisins immédiats plutôt que sur les partenaires traditionnels. Cette alliance traduit un basculement géopolitique assumé, après la sortie du Mali de la Cédéao et le départ des forces étrangères du territoire.

Le ministre insiste sur l’autonomie nationale. Près d’un quart du budget de l’État est désormais consacré à la sécurité. Toute collaboration internationale doit respecter « la souveraineté du Mali ainsi que ses choix stratégiques », selon Abdoulaye Diop. Le message est clair : Bamako entend gérer ses crises selon ses propres termes, même si le coût économique et social reste élevé pour une population déjà éprouvée par une décennie d’insécurité.

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