La police tanzanienne a annoncé dimanche l’interdiction d’une manifestation prévue le lundi 12 août 2024 de la branche jeunesse du principal parti d’opposition Chadema, l’accusant de planifier des violences.
Chadema avait indiqué samedi que quelque 10.000 jeunes étaient attendus lundi dans la ville de Mbeya (sud-ouest) pour célébrer la Journée internationale de la jeunesse, sous le slogan « Prends ton avenir en main ».
Mais Awadh Haji, un haut gradé de la police, a indiqué que ses services avaient « des indices clairs que leur but (celui des jeunes de Chadema) n’est pas de célébrer la Journée internationale de la jeunesse, mais de provoquer et commettre des violences ».
Son communiqué fait référence à la « jeunesse du Kenya », sans doute en référence aux semaines de manifestations anti-gouvernementales, principalement menées par des jeunes, qui ont secoué ce pays voisin de la Tanzanie.
« La police a décidé d’interdire toute forme de réunions ou démonstrations (…) visant à célébrer la Journée de la jeunesse », a indiqué M. Haji.
Des représentants de Chadema ont condamné cette décision, demandant à la présidente Samia Suluhu Hassan d’intervenir et accusant la police d’avoir déjà procédé à des arrestations et bloqué des convois du parti en route pour Mbeya.
Depuis son arrivée au pouvoir en 2021 après la mort soudaine du président John Magufuli, Mme Hassan s’est détournée des politiques autoritaires de son prédécesseurs et a lancé des réformes politiques, levant notamment certaines interdictions imposées aux médias et à l’opposition.
« La Journée internationale de la jeunesse est célébrée dans le monde entier. Pourquoi votre police bloque-t-elle les jeunes sur la route et les arrête-t-elle? « , a écrit le vice-président de Chadema, Tundu Lissu, sur X.
M. Lissu a promis que le rassemblement de lundi aurait lieu, estimant que « ce n’est pas le moment de rester silencieux, d’avoir peur, ou de parler. C’est le moment d’avoir le courage de ses opinions. Faisons entendre nos voix de toutes nos forces! »
M. Lissu, un ex-candidat à la présidentielle, est rentré en Tanzanie peu après la levée par Mme Hassan des restrictions frappant l’opposition, mettant fin à cinq années passées en exil après une tentative d’assassinat en 2017.
Le secrétaire général de Chadema, John Mnyika, a lui aussi demandé à la présidente et à la police de « cesser les actions illégales ». « Ces barrages et ces arrestations violent les droits politiques et ne respectent pas les réformes que vous prétendez défendre », a-t-il fustigé sur X.
© AVEC AFP