France : des candidats au poste de Premier ministre émergent à gauche

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L’alliance de gauche, arrivée en tête des législatives en France sans majorité absolue, a affirmé mardi vouloir appliquer son programme de rupture, quitte à nouer des alliances au coup par coup, alors que des candidats émergent pour diriger le gouvernement.

Des négociations serrées se poursuivent au sein des forces de gauche mais aussi dans la majorité présidentielle, qui n’exclut pas pour sa part de composer une nouvelle équipe avec la droite républicaine.

Le président Emmanuel Macron, de son côté, ne s’est toujours pas exprimé depuis les résultats et s’envole mercredi pour le sommet de l’Otan à Washington.

Dimanche, toute la France s’attendait à une déferlante de l’extrême droite. Mais c’est le Nouveau Front populaire (NFP) que les électeurs, très mobilisés avec 66,63% de participation, ont placé en tête contre toute attente.

Une hétéroclite alliance de la gauche radicale, des communistes, des socialistes et des écologistes qui se querellaient quotidiennement hier, et doivent maintenant s’entendre, à commencer par la désignation d’une figure consensuelle pour incarner leur projet.

Un nom pourrait sortir du chapeau en fin de semaine ou la semaine prochaine. Olivier Faure, patron du Parti socialiste, s’est dit prêt mardi à assumer cette fonction. Il est décrit par un haut responsable du parti comme « le seul profil qui peut rassurer ».

L’autre grande force de gauche, La France insoumise (LFI, radicale) avance l’hypothèse de la députée Clémence Guetté, 33 ans, populaire chez les militants et beaucoup moins clivante que son chef Jean-Luc Mélenchon, considéré comme un repoussoir jusque dans son propre camp.

La LFI dissidente Clémentine Autain et l’écologiste Marine Tondelier sont aussi parfois citées.

Mardi, en faisant les uns après les autres leur entrée à l’Assemblée nationale, les élus de gauche semblaient exclure d’élargir leur base politique au centre droit, alors même qu’ils ne disposent que de 190 députés, loin de la majorité absolue (289).

« Je ne pense pas qu’on soit en situation aujourd’hui d’avoir une coalition plus large au gouvernement » que le NFP, a déclaré le sénateur écologiste Yannick Jadot, pour qui « les coalitions vont se construire à l’Assemblée ».

Quant au coordinateur de LFI Manuel Bompard, il a prévenu que la gauche appliquerait son programme, laissant à chaque groupe la responsabilité de « soit voter nos propositions, soit (…) nous renverser ».

Détricoter des mesures phares

La coalition veut notamment revenir sur plusieurs mesures phares du gouvernement sortant, dont la réforme des retraites, texte très impopulaire du deuxième quinquennat Macron. Elle entend abroger la loi immigration et l’énième réforme de l’assurance chômage, ainsi qu’augmenter le salaire minimum.

L’agence de notation Moody’s a prévenu mardi que l’enterrement de la réforme des retraites et l’absence d’économies budgétaires pourraient peser sur la notation de la France. Sans majorité claire, « voter des lois sera certainement difficile ».

Lundi, Emmanuel Macron a anticipé la complexité des discussions, demandant à son chef de gouvernement Gabriel Attal de ne pas démissionner pour « assurer la stabilité du pays », alors que Paris accueille les Jeux olympiques dans moins de trois semaines.

Sa marge de manœuvre est cependant limitée face à une assemblée désormais largement hostile. Une situation inédite dans un pays habitué à une relative stabilité politique.

Rester au centre du jeu

A l’alliance de gauche s’oppose en effet un solide camp macroniste (autour de 160 sièges), une droite républicaine qui pourrait jouer un rôle pivot (66) et l’extrême droite du Rassemblement national (RN) qui, avec ses alliés (plus de 140), prépare la présidentielle de 2027.

Les partis de gauche « ne peuvent pas prétendre gouverner à eux tous seuls », a estimé la présidente de l’Assemblée sortante Yaël Braun-Pivet, en appelant à « une feuille de route commune » des Républicains jusqu’à la gauche sociale-démocrate.

Décidé à rester au centre du jeu après une campagne qui a évité la déroute au camp présidentiel, Gabriel Attal réunissait mardi les députés de son camp.

Quant à l’extrême droite, elle accuse le coup après avoir espéré que son président Jordan Bardella deviendrait Premier ministre. Lundi, ce dernier a reconnu des « erreurs » dans sa campagne, marquée par les dérapages racistes et autres manifestations d’incompétence de nombreux candidats RN.

Le parti, dont la cheffe de file Marine Le Pen vise 2027 après avoir été battue aux trois présidentielles depuis 2012, entend désormais marquer l’Assemblée de son empreinte.

Mais le RN a enregistré une nouvelle déconvenue mardi, avec l’annonce que la campagne présidentielle de Mme Le Pen en 2022 était visée par une enquête pour des soupçons de financement illégal.

© Avec l’AFP