Éthiopie : un opposant récemment libéré tué par balles

Crédit Photo : addisstandard

Un opposant éthiopien, Bate Urgessa, a été retrouvé tué par balles mercredi matin, quelques heures après avoir été arrêté par des forces gouvernementales dans le centre de l’Ethiopie, a annoncé son parti, le Front de libération Oromo (OLF).

Bate Urgessa, 41 ans, avait été libéré sous caution il y a un mois à peine, après 15 jours de détention consécutive à son arrestation à Addis-Abeba, en compagnie d’un journaliste français, Antoine Galindo.

Mardi vers 17H00, « Bate a été arrêté par des forces gouvernementales (…) dans un hôtel de Meki » puis « emmené immédiatement dans un centre de détention » de cette localité située à 150 km au sud d’Addis-Abeba, dans l’Etat régional de l’Oromia qui enclave la capitale éthiopienne, a expliqué à l’AFP Lemi Gemechu, porte-parole de l’OLF, parti d’opposition légalement enregistré.

Sa « famille a confirmé qu’il avait été découvert mort sur une route (…) des faubourgs de Meki » mercredi matin vers 09H00 et ses proches ont constaté qu’il avait « été tué par balles », a-t-il poursuivi, sans autre détail sur les potentiels auteurs.

Meki était la ville natale de Bate Urgessa.

La Commission éthiopienne des droits humains (EHRC) « réclame à une enquête rapide, impartiale et exhaustive » sur sa mort, « afin que les responsables rendent des comptes », a réagi sur X (ex-Twitter) Daniel Bekele, chef de cette institution publique mais statutairement indépendante.

Bate Urgessa était un dirigeant de l’OLF, formation qui se veut un porte-voix de la cause des Oromo, le plus nombreux des quelque 80 peuples que compte l’Ethiopie.

Le 22 février, il avait été arrêté à Addis-Abeba en compagnie d’Antoine Galindo, journaliste de la publication spécialisée Africa Intelligence, avec lequel il s’entretenait. Les deux hommes étaient accusés de « conspirer » avec des groupes armés pour « créer le chaos » en Ethiopie.

Bate Urgessa avait été libéré sous caution le 6 mars, une semaine après M. Galindo.

M. Bate avait connu les geôles éthiopiennes à plusieurs reprises, que ce soit sous l’ancien gouvernement de la coalition EPRDF (1991-2018) ou sous celui de l’actuel Premier ministre Abiy Ahmed qui lui a succédé.

En 2022, il avait été remis en liberté pour raisons de santé après un an de détention.

Illégal et doté d’une aile militaire jusqu’en 2018, l’OLF a abandonné la lutte armée contre une amnistie, une reconnaissance légale et le retour d’exil de ses dirigeants, lors de l’arrivée au pouvoir de M. Abiy, lui-même Oromo par son père, accompagnée d’une ouverture de l’espace politique.

Mais l’OLF accuse depuis le gouvernement de M. Abiy d’avoir fermé nombre de ses bureaux, entravé sa participation aux élections et emprisonné plusieurs de ses responsables, pour certains incarcérés depuis plusieurs années sans jugement.

Refusant d’abandonner les armes en 2018, une partie de l’OLF a fait scission et créé l’Armée de libération oromo (OLA). Etiquetée « organisation terroriste » en Ethiopie, l’OLA combat depuis les forces gouvernementales en Oromia, la plus vaste et plus peuplée région d’Ethiopie, forte d’environ 40 millions d’habitants essentiellement oromo.

Avec l’AFP

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