Lors de l’ouverture des Assemblées annuelles de la Banque africaine de développement (BAD) à Nairobi, son président Akinwumi Adesina n’a pas manqué de tact avant d’indexer du doigt les agences de notation pour avoir causé 75 milliards de dollars de pertes à l’Afrique.
Concrètement, l’économiste a une nouvelle fois dénoncé une « prime de risque africaine » infligée au continent par les agences de notation financière.
Un manque à gagner de 75 milliards de dollars
Selon une étude du PNUD citée par le patron de la BAD, si le risque africain était évalué à sa juste valeur, les pays du continent auraient économisé près de 75 milliards de dollars en intérêts entre 2014 et 2024.
Une somme faramineuse qui illustre l’injustice des notations attribuées par les trois grandes agences mondiales Moody’s, Fitch et S&P.
« Ils nous ont fait payer 2% de plus depuis New York », explique-t-il.
« À cause du coup d’État au Niger, des gens assis à New York nous ont dit que ça allait nous coûter 2% d’intérêts en plus », sur les marchés, a aussi dénoncé le président kényan William Ruto, donnant un exemple.
Une situation d’autant plus inacceptable que 13 dégradations de notes ont encore frappé 11 pays africains en 2023.
La solution : une agence de notation propre à l’Afrique
Face à ces biais régulièrement pointés du doigt, les dirigeants africains appellent désormais à la création d’une agence de notation panafricaine. Un projet porté par l’Union africaine dès 2019 qui pourrait se concrétiser cette année.
L’objectif ne serait pas de remplacer les « Big Three », mais de compléter leurs analyses par une expertise locale de terrain, mieux à même d’intégrer les spécificités du continent.
Malgré tout, l’impasse risque de demeurer tant que le secteur financier africain ne sera pas assez puissant pour se passer des investisseurs internationaux, qui resteront attachés aux notations traditionnelles.
Un défi de taille pour rééquilibrer des rapports de force vieux de plusieurs décennies.
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