Zohran Mamdani deviendra le 1er janvier le premier maire musulman de la plus grande ville des Etats-Unis. Il sera aussi le plus jeune à avoir jamais occupé ce poste.
Sa victoire a été accueillie par des cris de joie et parfois les larmes de ses partisans réunis dans une grande salle rococo des années 1920 du centre de Brooklyn.
« En cette période d’obscurité politique, New York sera la lumière », leur a lancé le jeune élu, ajoutant que la ville pouvait « montrer à une nation trahie par Donald Trump comment le vaincre ».
Dans le camp d’Andrew Cuomo, ses partisans ont dit avoir le « coeur brisé » et jugé « injuste » la victoire de Mamdani.
« L’avenir s’annonce un peu meilleur », a commenté l’ancien président Barack Obama, évoquant les différentes victoires démocrates de la soirée.
Participation record
Donald Trump, qui a fait de Zohran Mamdani l’une de ses nouvelles bêtes noires, a lui aussi rapidement réagi. Dans un message publié sur son réseau Truth Social, il a cité des « sondeurs » anonymes affirmant que les défaites républicaines étaient dues à la paralysie budgétaire (le « shutdown ») et au fait que son propre nom ne figurait pas sur les bulletins de vote.
Plus tôt dans la journée, il avait appelé les électeurs juifs à faire barrage au candidat, militant de la cause palestinienne.
En réponse, Zohran Mamdani s’est de nouveau engagé, dans son discours de victoire, à « bâtir une mairie qui (…) ne faiblira pas dans la lutte contre le fléau de l’antisémitisme ».
Vainqueur surprise de la primaire démocrate en juin, l’élu du Queens à l’Assemblée de l’Etat de New York n’a jamais, depuis lors, quitté la tête des sondages, même après le retrait de la course du maire sortant Eric Adams, qui a également appelé à le battre en ralliant Andrew Cuomo.
Signe de l’engouement pour le scrutin, avant la fermeture des bureaux de vote à 21H00, plus de deux millions d’électeurs s’étaient rendus aux urnes, la plus importante participation depuis près de 60 ans.
Né en Ouganda dans une famille d’intellectuels d’origine indienne, arrivé aux Etats-Unis à sept ans et naturalisé en 2018, Zohran Mamdani a fait de la lutte contre la vie chère le coeur de sa campagne.
Si Donald Trump l’a qualifié de « communiste », ses propositions (encadrement des loyers, bus et crèches gratuits) relèvent plutôt de la social-démocratie.
Autres victoires démocrates
Très populaire auprès des jeunes, le futur maire a également ramené à lui de nombreuses personnes qui s’étaient éloignées de la politique, « des électeurs frustrés par le status quo, en quête de nouvelles personnalités », selon le politologue Costas Panagopoulos.
« Si Zohran Mamdani devient maire, Trump n’en fera qu’une bouchée », a prédit Andrew Cuomo avant le verdict mardi, insistant, comme il l’a fait durant toute la campagne, sur l’inexpérience de son adversaire.
Plusieurs fois, le président républicain a promis de mettre des bâtons dans les roues du jeune candidat démocrate s’il était élu, en s’opposant au besoin au versement de certaines subventions fédérales à la ville.
C’est une « victoire locale » qui offre un moyen de « résister et repousser » l’élite politique de Washington, a dit à l’AFP un électeur de 40 ans, Ben Parisi.
Voisin de New York, l’Etat du New Jersey a choisi la démocrate Mikie Sherrill contre l’homme d’affaires républicain Jack Ciattarelli. L’Etat a longtemps été considéré comme un bastion démocrate. Mais à la dernière présidentielle, Donald Trump y avait considérablement réduit l’écart.
Plus au sud sur la côte est, la Virginie a élu la première femme à sa tête, la démocrate Abigail Spanberger, battant la républicaine Winsome Earle-Sears.
Enfin, les Californiens ont approuvé un texte visant à redécouper leur carte électorale en faveur des démocrates, qui cherchent à compenser ce qu’ont fait au Texas les républicains sous la pression de Donald Trump.
© Agence France-Press