Quel est le point commun entre le maître de Roland-Garros Rafael Nadal, le sextuple Ballon d’Or et néo-parisien Lionel Messi ou encore Manny Pacquiao, l’un des plus célèbres boxeurs du XXIe siècle ? Raquette en main, balle au pied et poing ganté, les trois hommes sont les porte-drapeaux d’une minorité : celle des gauchers.
Ceux-ci n’ont pas forcément joui d’une très bonne réputation par le passé. Il suffit de se référer à l’étymologie latine du mot « gaucher » pour s’en faire une petite idée : « sinistra », qui se rapproche de… « sinistre ». Pourtant, s’il existe un domaine où les gauchers n’ont rien à envier aux droitiers, c’est donc bien le sport.
Alors que le pourcentage de gauchers dans la population mondiale varie entre 10 et 13%, ils sont davantage représentés dans certains sports. C’est le cas, notamment en escrime. Chez les femmes, le top 10 mondial à l’épée compte six gauchères. Et cela n’a rien d’un hasard. Selon une étude publiée en 2017, les gauchers sont meilleurs dans certaines disciplines.
Les chercheurs ont analysé, sur six ans, la proportion de gauchers présents dans les 100 meilleurs joueurs de tennis, badminton, squash, baseball, tennis de table et cricket. Ils ont observé que dans certains sports, comme le tennis de table ou le baseball, le taux de gauchers est supérieur à 25%.
Un temps de réaction inférieur aux droitiers
Il y a 2,6 fois plus de chance d’être gaucher chez les sportifs de haut niveau dans les compétitions où le temps de réaction est le plus faible. Pourquoi ? Car les gauchers ont un temps de réaction légèrement plus rapide que les droitiers, lorsque l’information est visuelle et spatiale.
Au tennis de table, quatre des dix meilleurs joueurs mondiaux sont gauchers, soit presque quatre fois plus que la moyenne de la population.
Et ce n’est pas une simple coïncidence. « La main gauche est liée à l’hémisphère droit du cerveau, qui contrôle également les informations visuelles et spatiales. C’est pourquoi, elle réagit plus rapidement que la droite », note Jean-Marie Annoni, neurologue et chercheur en neuroscience cognitive.
Les gauchers sont donc dotés d’un système nerveux plus avantageux. Cependant, le scientifique nuance : « Cette différence est de l’ordre de 6 millisecondes. En moyenne, le temps de réaction est de 100 millisecondes. Cela donne aux gauchers un avantage de 2-3 %.
J’ai l’impression que l’aspect ‘stratégique du gaucher’ est plus important que la notion de temps de réaction, sauf dans certains sports très rapides où il y a beaucoup de choses à voir en même temps. C’est le cas du hockey, par exemple. »