Les billets d’avion en Afrique figurent parmi les plus chers au monde. Ce constat s’illustre par l’exemple qu’un vol Abidjan-Douala (1 533 km) coûte plus cher qu’un Abidjan-Paris (7 223 km). Selon Jeune Afrique, ce phénomène s’explique par plusieurs facteurs.
Faible demande pour les vols intra-africains
La première raison est la faible demande pour les vols à l’intérieur du continent. Selon Jomas Appavou, directeur Afrique de l’Association du transport aérien international (IATA), seulement 8 % des passagers africains attendus en 2024, soit environ 14 millions de personnes, emprunteront des vols intra-africains.
Les coûts élevés des billets poussent de nombreux Africains à opter pour des alternatives terrestres, comme le bus, bien que ces trajets soient nettement plus longs.
Par exemple, un aller-retour Lomé-Dakar coûte environ 500 000 FCFA en avion, contre moins de 100 000 FCFA en bus.
Cette préférence pour les transports terrestres réduit encore davantage le potentiel économique des vols intra-africains, freinant la concurrence entre compagnies aériennes et limitant les incitations à baisser les prix.
Kérosène
Le prix du kérosène représente une part importante des tarifs aériens en Afrique, atteignant 40 % du coût d’un billet, contre 25 % ailleurs.
Ce différentiel s’explique par le manque de raffineries sur le continent, obligeant les compagnies à importer à des coûts élevés.
À cela s’ajoutent des charges croissantes, comme la maintenance, les fluctuations des devises et les assurances. Selon un rapport de l’IATA de 2021, ces coûts ont augmenté plus rapidement en Afrique que dans d’autres régions.
Les intermédiaires qui font augmenter le prix des billets d’avion
Le marché de la distribution des billets est également un facteur aggravant. Des sociétés, souvent indiennes selon Marc Gaffajoli, administrateur général d’Afrijet, contrôlent le marché en achetant les billets à bas prix pour les revendre à des tarifs nettement plus élevés.
Cette pratique rend les billets encore moins accessibles pour les voyageurs africains.
Pour réduire les coûts, Gaffajoli recommande une réglementation stricte de l’activité des agents de voyage, afin de garantir que les prix finaux reflètent fidèlement ceux des compagnies aériennes.
Une telle réforme pourrait limiter les abus et rendre les billets plus abordables pour les passagers.