C’est la douche froide aux États-Unis de Donald Trump sur la question des visas. En effet, le secrétaire d’État américain Marco Rubio confirme le durcissement drastique de la politique des visas pour les étudiants étrangers.
Lors d’une audition tendue au Sénat ce 20 mai 2025, il a annoncé sa détermination à poursuivre les révocations massives de visas d’étudiants.
Cette mesure controversée affecte particulièrement les personnes critiquant la politique étrangère américaine ou exprimant des opinions pro-palestiniennes.
« Un visa n’est pas un droit, c’est un privilège », déclare fermement Rubio devant la Commission des affaires étrangères du Sénat.
« Nous allons continuer à révoquer les visas des personnes qui sont ici comme invités et qui perturbent nos établissements d’enseignement supérieur », ajoute-t-il sans ambiguïté.
Sa position est en rupture avec les traditions d’ouverture et d’échange académique longtemps défendues par les États-Unis.
Le bilan s’alourdit chaque jour. En mars 2025, Rubio avait déjà annoncé la révocation d’au moins 300 visas d’étudiants étrangers.
Selon ses propres déclarations lors d’une conférence de presse en Guyane, ce nombre pourrait être encore plus élevé aujourd’hui.
« Chaque fois que je trouve l’un de ces fous, je lui retire son visa », avait-il alors affirmé, illustrant sa politique migratoire particulièrement restrictive.
Sa position suscite de vives réactions au sein même du gouvernement américain. Le sénateur démocrate Chris Van Hollen accuse frontalement Rubio de « violer les protections constitutionnelles américaines concernant la liberté d’expression et les procédures régulières ».
L’échange entre les deux hommes devient rapidement acrimonieux. « Fichez-moi la paix, Monsieur le Secrétaire. Vous savez aussi bien que moi que cela n’a rien à voir avec la sécurité nationale. Il s’agit de punir la liberté d’expression », lance Van Hollen.
Le cas emblématique de Rumeysa Ozturk cristallise les tensions. Cette doctorante turque de l’université Tufts et boursière Fulbright a été arrêtée près de son domicile par des agents masqués des services d’immigration. Son crime présumé ? Avoir co-écrit un article d’opinion critique envers Israël dans un journal étudiant.
« Votre propre département n’a trouvé aucun lien avec le terrorisme, aucune déclaration antisémite, mais vous lui avez quand même retiré son visa et l’avez envoyée en détention en Louisiane », dénonce Van Hollen.
Rubio justifie sa politique en affirmant cibler les étudiants venus pour « mener des croisades sur les campus, occuper des bibliothèques et tenter d’incendier des bâtiments ».
Pourtant, aucune preuve liant Ozturk à des actes de violence n’a été fournie. Une vidéo virale montre son arrestation brutale, alors qu’elle se rendait simplement à un dîner d’iftar.
Cette répression toucherait également d’autres figures académiques comme Mahmoud Khalil, récent diplômé de l’université de Columbia, et Badar Khan Suri, chercheur à l’université de Georgetown.
Selon des sources médiatiques, l’administration envisagerait même d’interdire à certaines universités d’admettre des étudiants étrangers considérés comme « pro-Hamas ».
Cette situation crée un précédent inquiétant pour la liberté académique aux États-Unis. Van Hollen n’hésite pas à invoquer la célèbre réprimande adressée au sénateur Joseph McCarthy durant sa chasse aux sorcières anticommuniste : « N’avez-vous aucune décence ? ».
Le sénateur exprime également son regret d’avoir voté pour confirmer Rubio à son poste, croyant partager avec lui « une croyance en la défense de la démocratie et des droits humains à l’étranger ».