Au Royaume-Uni, le gouvernement travailliste de Keir Starmer, sous pression pour réduire l’immigration, va durcir les conditions d’attribution de visas de travail et faciliter l’expulsion d’étrangers condamnés pour des crimes, a annoncé la ministre de l’Intérieur Yvette Cooper dimanche.
La ministre présentera lundi au Parlement une nouvelle feuille de route en matière d’immigration, moins de deux semaines après le succès du parti anti-immigration Reform UK à des élections locales.
« Il s’agit d’un plan visant (…) à réduire considérablement l’immigration nette » dans le pays, qui a atteint 728.000 personnes entre juin 2023 et juin 2024, a déclaré Yvette Cooper sur Sky news dimanche.
Le Premier ministre Keir Starmer a lui défendu ces mesures « fermes » et accusé sur X les conservateurs d’avoir « perdu le contrôle » des frontières.
Les travaillistes, arrivés au pouvoir en juillet 2024 au Royaume-Uni, veulent en particulier s’attaquer aux visas de travail, deuxième source d’installation d’étrangers dans le pays, après les visas étudiants.
Un candidat à un visa de travailleur qualifié devra désormais justifier d’un niveau de diplôme équivalent à une licence française. Des exceptions sont prévues dans des domaines en pénurie de main d’œuvre.
Les entreprises du secteur du soin (service de santé et d’accompagnement à la personne, auxiliaire de vie, etc.), qui dépendent fortement de la main d’œuvre étrangère, ne pourront plus recruter directement à l’étranger.
« C’est un changement significatif », qui permettra également de lutter contre l’exploitation, a fait valoir Yvette Cooper sur la BBC, alors que des abus sont régulièrement mis au jour dans ce secteur.
Le gouvernement espère ainsi réduire « jusqu’à 50.000 » le nombre d’arrivées de travailleurs peu qualifiés dans le pays l’an prochain, a-t-elle ajouté.
La feuille de route comprendra en plus des mesures pour mieux encadrer les visas familiaux.
Le gouvernement prévoit pareillement de faciliter l’expulsion d’étrangers condamnés pour des crimes commis au Royaume-Uni.
Actuellement, le ministère de l’Intérieur n’est notifié de crimes commis par des étrangers que s’ils sont condamnés à une peine de prison, et les expulsions ne concernent généralement que ceux condamnés à une peine supérieure à un an.
« Nous allons mettre en place des procédures pour s’assurer que le Home office est informé quand des crimes sont commis (par des étrangers) même quand il n’y a pas peine de prison », et pour faciliter les expulsions, a expliqué Yvette Cooper sur Sky news.
Outre l’immigration légale, le gouvernement est également sous pression pour endiguer l’arrivée de migrants traversant la Manche sur de petites embarcations. Plus de 38.000 sont arrivés l’an dernier, et plus de 11.000 depuis le début de l’année.
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