Victoire financière : la Zambie retrouve crédibilité et attractivité grâce à S&P

Zambie S&P

Crédits photo : Andil

La Zambie sort officiellement du défaut de paiement : S&P Global Ratings a relevé ce vendredi 21 novembre 2025 la note de crédit du pays à CCC+/C, contre SD pour défaut sélectif. Une décision qui met fin à quatre années de disgrâce financière. Le ministre des Finances, Situmbeko Musokotwane, a salué dimanche cette amélioration dans un communiqué officiel : « Cela confirme que la Zambie est sortie du statut de défaut et restaure progressivement sa position d’économie crédible et attractive pour les investisseurs ».

L’agence de notation a fondé sa décision sur les progrès accomplis dans la restructuration de la dette. Lusaka a conclu des accords avec des créanciers représentant quatre-vingt-quatorze pour cent des treize virgule trois milliards de dollars de dette concernés. Seuls quelques créanciers commerciaux restent en dehors du processus. S&P estime que le risque de perturbation par ces récalcitrants est « gérable » grâce aux protections juridiques intégrées dans les termes de la restructuration. Enfin, le chemin a été long.

La Zambie avait basculé dans le défaut en novembre 2020. Le pays était devenu le premier État africain à faire défaut pendant la pandémie de Covid-19. Entre 2015 et 2020, le gouvernement avait accumulé une dette externe considérable, principalement auprès de prêteurs chinois et de détenteurs d’euro-obligations. Une combinaison de sécheresse, de faible production de cuivre et d’emprunts massifs avait porté la dette à plus de cent vingt pour cent du PIB avant le défaut. En 2022, plusieurs agences de notation plaçaient la Zambie au bas du classement mondial du crédit.

Le président Hakainde Hichilema, élu en août 2021, a fait de la restructuration de la dette une priorité. Son gouvernement a négocié patiemment avec les créanciers officiels et commerciaux. En septembre 2025, il a présenté des perspectives budgétaires optimistes pour 2026, prévoyant que le déficit budgétaire serait réduit de plus de moitié et que la croissance économique dépasserait six pour cent. Une ambition nécessaire pour restaurer la confiance des marchés.

Les indicateurs macroéconomiques s’améliorent progressivement. L’inflation, qui avait grimpé au-dessus de vingt pour cent pendant les années de crise, devrait se modérer à treize virgule huit pour cent en moyenne en 2025 et neuf pour cent en 2026. La Banque de Zambie a réduit son taux directeur de vingt-cinq points de base à quatorze virgule vingt-cinq pour cent en novembre 2025. Les réserves de change s’élevaient à cinq virgule deux milliards de dollars fin septembre, stimulées par un versement du FMI de cent quatre-vingt-onze virgule un millions de dollars dans le cadre de la Facilité élargie de crédit.

Le cuivre demeure au cœur de la reprise zambienne. Le secteur minier représente environ quatorze pour cent du PIB, soixante-dix pour cent des recettes d’exportation et vingt à vingt-cinq pour cent des revenus gouvernementaux. La production de cuivre a augmenté de dix-sept virgule huit pour cent en glissement annuel au premier semestre 2025, après des années de contraction. Le gouvernement vise à porter la production annuelle à trois millions de tonnes d’ici 2031. S&P estime que les prix du cuivre resteront favorables, avec une moyenne de dix mille cinq cents dollars par tonne métrique pour le reste de 2025 et jusqu’en 2028.

« Le gouvernement reste engagé en faveur de la discipline budgétaire et de l’achèvement des dernières étapes de la restructuration de la dette, tout en poursuivant l’élargissement de l’accès à l’énergie », a ajouté Musokotwane dans son communiqué. S&P prévoit que la consolidation fiscale se poursuivra jusqu’en 2028, avec une dette nette du gouvernement général qui se modérera à soixante-dix-huit virgule cinq pour cent du PIB d’ici fin 2028.

Bref, la Zambie a parcouru un chemin considérable depuis le défaut de 2020. Des volumes plus élevés de cuivre et des prix stables ont renforcé les recettes d’exportation et dopé les revenus fiscaux, consolidant ainsi la capacité du pays à assurer le service de sa dette. Les investisseurs ont recommencé à regarder l’Afrique après deux années de volatilité déclenchées par les hausses de taux américains. Des pays comme le Kenya et la Côte d’Ivoire ont déjà testé les marchés avec succès en 2025.

Le contexte politique reste toutefois polarisé à l’approche des élections de 2026. La réélection du président Hichilema sera probablement contestée par l’Alliance Kwacha Unie. S&P a maintenu une perspective stable qui équilibre l’amélioration des performances budgétaires et le soutien officiel accru contre les risques liés aux besoins d’emprunt élevés à court terme et aux options de financement limitées. La prochaine phase sera plus difficile que la sortie du défaut. Maintenir la crédibilité exigera des contrôles stricts des dépenses, de la transparence dans les derniers accords de dette et des réformes cohérentes, même pendant la période électorale.

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