Pour ce qui est de l’exploitation de l’uranium au Niger, la France peut s’en vouloir d’avoir laissé le champ libre à la Russie.
En visite officielle à Niamey, le ministre de l’Énergie russe, Sergueï Tsivilev, s’est entretenu avec le général Abdourahamane Tiani sur la coopération économique entre leurs pays à l’heure où les sites précédemment exploités par le français Orano sont nationalisés.
La Russie veut « exploiter l’uranium » et développer le nucléaire civil au Niger, a déclaré lundi 28 juillet le ministre russe de l’Énergie en visite officielle à Niamey.
Les militaires au pouvoir, dirigés par le général Abdourahamane Tiani, ont tourné le dos à la France, l’ex-puissance coloniale, pour se rapprocher davantage de la Russie qui les aide dans la lutte antijihadiste, comme leurs alliés du Mali et du Burkina Faso, également dirigés par des juntes.
En juin, le régime militaire a nationalisé la Somaïr, filiale du géant français de l’uranium Orano (ex-Areva) qui en avait perdu le contrôle opérationnel depuis plusieurs mois.
Le 28 juillet, le ministre russe de l’Énergie, Sergueï Tsivilev, a effectué une visite officielle à Niamey, à la tête d’une délégation russe, et s’est entretenu avec le général Abdourahamane Tiani sur la coopération économique entre les deux pays. « Notre objectif principal, c’est d’exploiter l’uranium ainsi que de créer un système entier d’exploitation de l’uranium », a déclaré à la télévision d’État Sergueï Tsivilev, après un entretien avec le général Tiani.
Les sites d’Orano sous contrôle russe ?
Le groupe russe Rosatom et le ministère nigérien de l’Énergie ont signé « un mémorandum de compréhension mutuelle » sur la coopération dans le domaine du nucléaire civil, selon un communiqué du ministère russe de l’Énergie sur cette visite. « Notre tâche est non seulement de participer à l’extraction de l’uranium, mais de créer tout un système de développement du nucléaire civil au Niger », a souligné Sergueï Tsivilev, cité dans le communiqué.
Depuis son arrivée au pouvoir, la junte a déclaré plusieurs fois qu’elle souhaitait revoir le système d’exploitation des matières premières sur le sol nigérien par des compagnies étrangères.
En décembre 2024, Orano avait acté la perte du contrôle opérationnel de ses trois filiales minières au Niger, qu’il détient à plus de 60 % : la mine de Somaïr, celle de Cominak (fermée depuis 2021) et le gisement d’Imouraren, l’un des plus importants au monde. En mai, Orano avait déclaré à l’AFP que plusieurs acteurs avaient exprimé leur intérêt pour la reprise de ses sites miniers au Niger.
Aucune information n’a filtré le 28 juillet lors de la visite du ministre russe de l’Énergie à Niamey indiquant que ce sont des sites d’Orano qui passeraient sous contrôle russe. Sollicité par l’AFP, Orano n’a pas voulu s’exprimer dans l’immédiat sur la volonté de Moscou d’« exploiter » l’uranium nigérien.
Avec AFP