Kim Jong-un, le dirigeant nord-coréen rarement vu à l’étranger, est arrivé en Chine pour une rencontre diplomatique sans précédent. Cette visite marque son premier voyage officiel hors de Corée du Nord depuis 2019, soulignant l’importance exceptionnelle de cet événement sur la scène internationale.
En effet, cette rencontre historique entre Xi Jinping, Vladimir Poutine et Kim Jong-un intervient dans un contexte géopolitique particulièrement tendu. À l’invitation officielle du président chinois, le leader nord-coréen participera à un sommet stratégique qui rassemblera également d’autres dirigeants influents comme Modi et Erdogan. Par ailleurs, cette visite coïncide avec les célébrations des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale, marquées par un imposant défilé militaire organisé par Pékin.
Cette convergence de puissances non-occidentales à Pékin pourrait bien redessiner les alliances diplomatiques mondiales. Alors que la Chine cherche à renforcer ses partenariats face à l’Occident, la présence de Kim Jong-un semble raviver l’axe Pékin-Moscou-Pyongyang, une dynamique qui mérite toute notre attention.
Kim Jong-un arrive à Pékin pour une visite diplomatique rare
Le dirigeant nord-coréen a répondu présent à l’appel de Pékin. Cette visite diplomatique, confirmée par l’agence officielle nord-coréenne KCNA et le ministère chinois des Affaires étrangères, marque un moment décisif dans les relations internationales de la péninsule coréenne.
Un déplacement inédit depuis 2019
Cette visite constitue le premier voyage de Kim Jong-un en Chine depuis janvier 2019. Le leader nord-coréen, connu pour ses rares sorties internationales, n’a effectué qu’une dizaine de déplacements hors de son pays depuis son accession au pouvoir en 2012. Son dernier voyage à l’étranger remonte à septembre 2023, lorsqu’il s’était rendu à Vladivostok, en Russie, à l’invitation du président Vladimir Poutine.
Parmi ses rares déplacements diplomatiques, la Chine occupe une place prépondérante. En effet, Kim Jong-un a effectué quatre visites en Chine, dont sa toute première visite officielle à l’étranger en mars 2018. Cette première rencontre avec Xi Jinping s’inscrivait alors dans un contexte de réchauffement des relations diplomatiques entre la Corée du Nord et le reste du monde, notamment après l’élection en Corée du Sud de Moon Jae-In, partisan d’une politique d’apaisement.
Une invitation officielle de Xi Jinping
Le voyage actuel de Kim Jong-un s’effectue à l’invitation expresse du président chinois Xi Jinping. Cette initiative témoigne de la volonté chinoise de raviver des liens parfois distendus avec son voisin. D’après le quotidien sud-coréen Hankyoreh, l’enjeu principal de cette rencontre pour Pyongyang serait d’apaiser ses relations avec Pékin, allié indispensable du régime, mais avec lequel un « froid » s’est installé.
Cette visite représente également une opportunité diplomatique pour les deux pays. « La Chine cherchera à renforcer son influence dans la péninsule, tandis que Pyongyang tentera d’obtenir l’appui de Pékin, qui serait un atout dans ses relations avec Washington », analyse le journal Asahi Shimbun. Par ailleurs, lors de précédentes rencontres, Kim Jong-un avait officiellement invité Xi Jinping à Pyongyang, une invitation que le président chinois avait acceptée.
Un événement multilatéral d’envergure
Cette visite revêt un caractère historique particulier car elle marque la première fois que Kim Jong-un participera à un événement réunissant plusieurs dirigeants étrangers. Depuis son investiture fin 2011, le leader nord-coréen n’a participé qu’à quelques sommets bilatéraux, notamment avec Xi Jinping, Donald Trump ou l’ancien président sud-coréen Moon Jae-in.
Ce sera surtout « la première fois que Kim Jong-un, Vladimir Poutine et Xi Jinping apparaîtront côte à côte dans un lieu public. Ce sera une scène historique symbolisant les changements majeurs de l’ordre international actuel », souligne le journal Hankyoreh. Cette rencontre tripartite survient dans un contexte international tendu, notamment avec la guerre en Ukraine, où Kim Jong-un est devenu l’un des principaux alliés de Vladimir Poutine.
Cet événement constitue une victoire diplomatique pour le président chinois Xi Jinping, qui milite en faveur d’un nouvel ordre mondial dirigé par Pékin. La présence de Kim représente également une amélioration notable par rapport au dernier défilé du Jour de la Victoire en Chine, en 2015, lorsque Pyongyang avait seulement envoyé l’un de ses hauts responsables, Choe Ryong-hae.
Malgré des périodes de tensions liées à l’agacement de Pékin concernant les conséquences du programme nucléaire et balistique nord-coréen, les deux pays entretiennent d’étroites relations historiques qui remontent à la Guerre de Corée (1950-1953).
Xi Jinping orchestre un défilé militaire à forte portée symbolique
La place Tiananmen se prépare à accueillir un événement militaire d’envergure le 3 septembre prochain. Minutieusement orchestré par le président Xi Jinping, ce défilé géant s’annonce comme une démonstration spectaculaire de la puissance chinoise sur la scène internationale.
Célébration des 80 ans de la fin de la Seconde Guerre mondiale
Le gouvernement chinois organise ce défilé militaire pour commémorer le 80e anniversaire de la fin de la Seconde Guerre mondiale et la capitulation du Japon. Cette date revêt une importance particulière pour la Chine, qui avait subi une occupation japonaise meurtrière et brutale. L’événement s’inscrit dans une tradition initiée par Xi Jinping, qui a organisé plus de défilés militaires que n’importe quel autre dirigeant du Parti communiste chinois depuis son arrivée au pouvoir en 2012.
Cette parade militaire marque également le 19e défilé à grande échelle organisé sur la place Tiananmen depuis la fondation de la République populaire de Chine. Les préparatifs battent leur plein, comme en témoigne la deuxième répétition qui a mobilisé quelque 40 000 Chinois dans la nuit du 16 au 17 août. Certaines photos prises pendant ces répétitions ont déjà suscité curiosité et fierté au sein de la population chinoise.
Démonstration de puissance militaire chinoise
Le défilé, d’une durée prévue de soixante-dix minutes, verra défiler 45 divisions. Près de 12 000 soldats participeront à cette démonstration de force, accompagnés de 500 engins militaires et survolés par près de 200 avions et hélicoptères. Cette mise en scène spectaculaire vise à « montrer pleinement la puissante capacité de l’armée chinoise à remporter une guerre moderne » et à « sauvegarder la paix mondiale », selon le général de division Wu Zeke.
Fait marquant, l’armée chinoise a affirmé que 84% des équipements présentés lors du défilé feront leur première apparition publique. Parmi les armements les plus attendus figureront des missiles balistiques intercontinentaux Dong Feng-31, des avions furtifs J-20, des drones et des robots quadrupèdes. Le nouveau porte-avions Fujian pourrait également être officiellement mis en service après plus de deux ans d’essais en mer.
Le président Xi Jinping passera en revue les troupes sur la place Tiananmen, où il pourra observer les évolutions minutieusement synchronisées des formations au sol, des chars et des escadrilles aériennes. Selon le général Wu Zeke, « toutes les armes et tous les équipements participant au défilé ont été sélectionnés parmi les principaux systèmes de combat actuellement en service actif et produits dans le pays ».
Absence notable des dirigeants occidentaux
Si 26 dirigeants étrangers ont confirmé leur présence à cet événement, aucun représentant des grandes puissances occidentales ne sera présent, à l’exception du Premier ministre slovaque Robert Fico. Ce dernier était d’ailleurs le seul dirigeant des 27 membres de l’Union européenne à avoir assisté aux commémorations de la fin de la Seconde Guerre mondiale sur la place Rouge de Moscou le 9 mai dernier.
Parmi les invités de marque figureront notamment : Vladimir Poutine, président russe, Kim Jong-un, dirigeant nord-coréen, Alexandre Loukachenko, président biélorusse, Massoud Pezeshkian, président iranien, Prabowo Subianto, président indonésien, Recep Tayyip Erdoğan, président turc.
Cette configuration diplomatique n’est pas anodine. Selon John Delury, expert de la Chine à l’Université sud-coréenne Yonsei de Séoul, la participation limitée de dirigeants occidentaux s’explique par le fait que ces célébrations constituent « un événement très militariste et nationaliste ». Par ailleurs, la présence simultanée de Kim Jong-un et Vladimir Poutine aux côtés de Xi Jinping envoie un message fort selon lequel « les États-Unis n’arriveront pas à les forcer à la soumission ».
La Chine, qui a annoncé en mars une hausse de 7,2% de son budget de défense pour 2025, dispose désormais du deuxième budget militaire mondial, bien que celui-ci reste très loin derrière celui des États-Unis. Ce défilé semble ainsi confirmer l’ambition chinoise de s’affirmer davantage sur la scène internationale, s’éloignant de la politique dite de « profil bas » préconisée par Deng Xiaoping après Mao Tsé-toung.