Cinq mois après sa sortie effective de la CEDEAO aux côtés du Burkina Faso et du Niger, le Mali va véritablement s’enrichir au cours des prochaines années grâce à une raffinerie d’or.
Et pour cause, le pays du Sahel transforme radicalement sa stratégie sur son or.
Concrètement, le pays vient de lancer la construction d’une raffinerie d’or géante qui pourrait multiplier ses revenus par quatre dès 2026.
Le 16 juin 2025, le président Assimi Goïta a en effet posé la première pierre de SOROMA SA, une raffinerie d’or révolutionnaire à Bamako.
Ce projet pharaonique s’étend sur 5 hectares près de l’aéroport de la capitale. La raffinerie pourra traiter 200 tonnes d’or par an, soit quatre fois la production actuelle du Mali qui s’élève à 50 tonnes.
La nouvelle infrastructure s’inscrit dans le nouveau Code minier malien. Cette loi impose désormais la transformation locale des ressources minières. Ainsi, le Mali garde une part plus importante de ses richesses au lieu de les exporter brutes vers l’étranger.
Le partenariat avec la Russie ouvre de nouvelles perspectives. L’État malien détient 62% du capital de SOROMA SA, estimé à 600 millions de francs CFA.
La société russe Yadran possède les 38% restants. Cette collaboration renforce les liens Mali-Russie amorcés en octobre 2024. D’autres projets sont prévus : une usine de transformation du coton et la sécurisation des approvisionnements pétroliers.
La certification LBMA représente le premier enjeu du projet. Cette certification internationale permet d’accéder aux marchés mondiaux de l’or.
Les deux raffineries existantes au Mali ne possèdent pas cette accréditation cruciale. Par conséquent, SOROMA SA pourrait révolutionner les exportations aurifères maliennes.
Les autorités prévoient des retombées économiques exceptionnelles. La raffinerie créera de nombreux emplois locaux et génèrera une valeur ajoutée considérable.
Les estimations tablent sur 950 millions de dollars de plus-value annuelle grâce aux 120 lots d’or raffiné. Cette somme représenterait un revenu supplémentaire énorme pour l’État malien.
Parallèlement, le Mali renforce son contrôle sur ses mines existantes. Le tribunal de commerce de Bamako a placé sous administration provisoire la mine de Loulo-Gounkoto ce 16 juin 2025.
Cette mine, détenue à 80% par le géant canadien Barrick Mining, constitue l’un des plus importants gisements aurifères mondiaux. L’administration provisoire durera six mois et vise à relancer rapidement l’extraction.
Le conflit avec Barrick illustre la nouvelle stratégie malienne. Depuis 2020, les autorités militaires exigent une part plus importante des revenus miniers.
Elles réclament des centaines de millions de dollars d’arriérés d’impôts à Barrick. En janvier 2025, trois tonnes d’or ont été saisies sur le site par des soldats. Quatre employés maliens de la compagnie restent en détention depuis novembre 2024.
Cependant, plusieurs défis demeurent pour assurer le succès de cette transformation. La stabilité politique et sécuritaire reste fragile au Sahel. De plus, l’obtention de la certification LBMA conditionnera l’accès aux marchés internationaux. Sans cette accréditation, l’or raffiné restera cantonné aux marchés locaux.
L’or représente 25% du budget national malien. Cette ressource stratégique pourrait donc transformer l’économie du pays. La construction de SOROMA SA s’achèvera en décembre 2026 selon le calendrier officiel. Le gouvernement insiste sur le respect strict des délais et la qualité professionnelle des équipes.