Au pouvoir depuis 2019 et devenu ces derniers mois un allié clé du président américain, Donald Trump, le président salvadorien, Nayib Bukele, a récemment procédé à la réforme constitutionnelle qui lui permet de se représenter indéfiniment.
Une reforme vivement critiquée par des organisations de défense des droits humains, l’une d’elles la qualifiant de « coup de grâce porté à la démocratie ».
En effet, le Parlement a adopté le 31 juillet 2025, à la quasi-unanimité après une procédure accélérée, une vaste réforme de la Constitution abolissant notamment la limite du nombre de mandats du chef de l’Etat, lesquels sont allongés de cinq à six ans.
Nayib Bukele jouit d’une immense popularité au Salvador grâce à sa lutte impitoyable contre les gangs qui terrorisaient le pays, autrefois l’un des plus dangereux du monde. La violence a considérablement diminué, mais des ONG critiquent cette campagne en affirmant que des milliers d’innocents ont été emprisonnés dans le cadre d’un état d’exception facilitant grandement les arrestations.
La réforme « est le coup de grâce porté à la démocratie au Salvador », a estimé dans un communiqué Cristosal, l’une des organisations ayant dénoncé une « escalade répressive » dans le pays centraméricain depuis l’arrivée au pouvoir de M. Bukele en 2019.
Celui qui se présente volontiers comme un « dictateur cool » a été réélu en juin 2024 avec 85% des voix pour un deuxième mandat qui lui était en principe interdit par la Constitution. Mais la Cour suprême, dominée par des juges proches du pouvoir, lui en a donné le droit.
« Malheureusement, l’histoire de l’Amérique latine est pleine d’exemple de gouvernants populaires qui ont utilisé leur popularité pour démanteler la Constitution et concentrer les pouvoirs », a déclaré à l’AFP le sous-directeur de Human Rights Watch pour les Amériques, Juan Pappier.
L’ONG WOLA, centre latino-américain de recherche et de défense des droits humains basé à Washington, a pour sa part condamné une « manipulation flagrante de la Constitution du Salvador », qui offre à Nayib Bukele « des réélections illimitées ».
Avec AFP