Un air de « fin du monde » sur cette partie de la France à cause de…

fin du monde

Crédit photo : Adem ALTAN / AFP

« On aurait dit que c’était la fin du monde » : comme cette habitante de Saint-Denis, capitale de l’île française située dans l’océan Indien, les Réunionnais sont encore sous le choc dimanche, deux jours après le passage du cyclone Garance, qui a tué quatre personnes.

L’heure est désormais au nettoyage et au déblaiement après le passage de ce cyclone et de ses vents à plus de 200 km/h.

Les réseaux électriques continuent d’être progressivement remis en route mais 90.000 personnes (21% des abonnés) restent privées d’alimentation, a indiqué dimanche en fin de journée la préfecture, précisant que « 21 pylônes » ont été « détruits » par le vent.

« Même si nous étions préparés, le cyclone a été très puissant », a souligné le ministre français de l’Intérieur, Bruno Retailleau, dans un entretien au journal Le Figaro dimanche.

« Deux vagues de renforts nationaux » vont venir « en aide à la population », avec une centaine de pompiers en provenance de Mayotte, autre département français situé dans l’océan Indien, qui doivent acheminer 5 tonnes de matériel, ainsi qu’un escadron de gendarmerie, avant, lundi, « 100 personnels de la Sécurité civile » arrivant de métropole, a-t-il redit.

« Tout est perdu! »

En attendant, chez les habitants, le traumatisme est très présent.

« On aurait dit que c’était la fin du monde », explique, sous couvert de l’anonymat, une habitante de La Colline, quartier excentré de Saint-Denis difficilement accessible autrement qu’en véhicule tout terrain.

Deux jours plus tard, l’île, qui compte plus de 880.000 habitants, reste « défigurée » par cet épisode météorologique « brutal et puissant », selon le préfet Patrice Latron, représentant de l’Etat dans l’île.

De nombreuses localités, en plus des vents violents, ont été traversées par des coulées de boue provenant des rivières en crue ou de ravines se jetant dans l’océan.

« Il va y avoir beaucoup de travaux de remise en état: beaucoup de routes sont encombrées par des branchages, voire par des arbres en travers de la route, des routes sont inondées, des routes sont coupées, emportées, des ponts sont coupés », a prévenu vendredi le préfet.

Nombre d’habitants expriment leur colère.

« Regardez tout ça, nous n’avons plus rien, tout est perdu! », lance cette habitante de La Colline, en montrant un amoncellement de tôles tordues, d’arbres arrachés et de détritus recouvert de boue étalés sur quelques centaines de mètres.

« Eaux en furie »

La course de plusieurs voitures emportées par les rafales de vent a été stoppée par des maisons. Les murs des habitations ont été défoncés.

« Le cyclone est passé vendredi, nous sommes dimanche aucun service de secours ni aucun élu n’est venu nous voir », s’emporte-t-elle.

Son voisin, qui requiert aussi l’anonymat car il dit parler « au nom de tout le monde », abonde : « des habitants ont dû se sauver eux-mêmes. Certains ont nagé pour survivre et se sont accrochés aux toits. Des bébés ont été placés dans des seaux et dans des paniers pour les protéger des eaux en furie ».

La mairie de Saint-Denis a assuré dimanche à l’AFP qu’un détachement des militaires des forces armées de la zone sud de l’océan Indien (FAZSOI) et l’élue municipale du secteur s’étaient rendus sur place à la mi-journée.

Les militaires procèdent au déblayage, au nettoyage et à la sécurisation du quartier.

Dans le centre de la préfecture de l’île, Marjorie Bénard, sabre en main, hache en morceaux une grosse branche qui obstrue l’entrée de son jardin. « Avec mon mari et les enfants nous n’arrêtons de tailler, hacher et balayer depuis samedi matin« , raconte-t-elle à l’AFP.

Elle est « un peu fatiguée » et « surtout préoccupée » : deux baies vitrées ont volé en éclats sous la force des vents. « Maintenant, on peut entrer dans la maison comme dans un moulin. »

Le cyclone a aussi eu des conséquences dévastatrices pour l’agriculture locale.

« Ça fait bientôt 17 ans que j’habite ici. Et j’ai jamais vu mon jardin comme ça un lendemain de cyclone », se désole Jean-Christophe Hoarau, qui cultive melons et concombres en serre à L’Etang-Salé (sud-ouest).

Ses arbres fruitiers détruits, il ne lui reste que ses cultures sous serres pour subvenir à ses besoins. Au total, il estime avoir perdu 75% de sa production.

@Avec l’AFP