Une triste réalité demeure en Afrique subsaharienne : l’accès au haut débit demeure un luxe inabordable pour une grande partie de la population.
En effet, selon un rapport publié mi-avril 2025 par l’Union internationale des télécommunications (UIT), cette région affiche les tarifs de connexion internet les plus élevés au monde. Ce faisant, la fracture numérique continue de grossir entre les populations connectées et celles qui restent en marge de la révolution digitale.
Le document intitulé « State of digital development and trends in the Africa region : Challenges and opportunities » dresse d’ailleurs un constat alarmant : le prix médian d’un forfait de données mobiles d’entrée de gamme (2 gigaoctets par mois) en Afrique subsaharienne représente 3,9% du revenu mensuel moyen par habitant en 2024.
Bien que ce taux ait considérablement diminué depuis 2018, où il atteignait 7,3%, il demeure le plus élevé à l’échelle mondiale et dépasse largement le seuil maximal de 2% fixé par la Commission des Nations Unies pour le haut débit.
La situation est encore plus préoccupante concernant l’internet fixe. Le prix médian du forfait d’entrée de gamme (5 gigaoctets par mois) s’élève à 3,4% du revenu mensuel moyen par habitant.
Ces coûts prohibitifs frappent de manière disproportionnée les groupes à faible revenu, exacerbant les inégalités numériques déjà existantes dans la région.
Cette cherté de l’accès explique en grande partie le faible taux de pénétration d’internet dans la région. Seulement 38% de la population d’Afrique subsaharienne avait accès à internet en 2024, un chiffre bien en deçà de la moyenne mondiale établie à 68%.
Néanmoins, le rapport souligne une dynamique positive : depuis 2005, le taux de pénétration d’internet dans la région a progressé de 16,7% en moyenne par an, contre 8% au niveau mondial. Cette croissance s’est toutefois ralentie au cours de la dernière décennie, avec un taux annuel moyen de 10,7%, contre 6,1% à l’échelle planétaire.
La fracture numérique en Afrique subsaharienne présente plusieurs dimensions. Les disparités entre pays sont saisissantes, avec des taux de pénétration oscillant entre 11% au Burundi et 87% aux Seychelles. L’inégalité entre les genres est également manifeste : 43% des hommes utilisaient internet l’année dernière, contre seulement 31% des femmes.
Le rapport met également en lumière un fossé considérable entre zones urbaines et rurales. En 2024, 57% de la population urbaine avait accès à internet, contre à peine 23% dans les zones rurales, constituant l’écart le plus important observé dans le monde. Les réseaux 4G et 5G desservent principalement les centres urbains, tandis que les communautés rurales doivent se contenter de connexions plus lentes et moins fiables, quand elles existent.
Les réseaux de téléphonie mobile constituent l’épine dorsale de l’accès à internet en Afrique subsaharienne, les infrastructures à large bande fixe restant limitées et coûteuses. En 2024, la région comptait 52 abonnements au haut débit mobile pour 100 habitants, nettement en dessous de la moyenne mondiale de 95 abonnements. Quant au haut débit fixe, la situation est encore plus critique avec moins d’un abonnement pour 100 habitants.
Si 86% de la population est couverte par les services à haut débit mobile, 14% demeure sans possibilité de connexion, une proportion qui grimpe à 25% dans les zones rurales. Par ailleurs, bien que 70% des habitants bénéficient d’une couverture 4G, 16% dépendent encore de la 3G, offrant des vitesses plus faibles et une expérience en ligne limitée. Quant à la 5G, son déploiement a débuté dans plusieurs pays mais ne concerne que 11% de la population subsaharienne.
Les obstacles à la démocratisation du haut débit ne se limitent pas aux seuls aspects tarifaires. L’analphabétisme numérique, le déficit d’infrastructures et le manque de connectivité fiable, particulièrement dans les zones rurales, maintiennent des centaines de millions de personnes hors ligne.
Les jeunes et les populations urbaines se positionnent comme les moteurs de l’adoption du numérique, tandis que les adultes plus âgés et les communautés rurales accusent un retard significatif.
Face à ce constat, l’amélioration de l’accessibilité et de l’abordabilité des services internet apparaît comme un impératif pour assurer un développement numérique inclusif en Afrique subsaharienne. Sans politiques volontaristes visant à réduire le coût de la connectivité et à développer les infrastructures, la fracture numérique risque de s’accentuer davantage, laissant une part importante de la population en marge de l’économie digitale mondiale.