Aux États-Unis, le dollar ne cesse de chuter face à la monnaie unique, qui évolue désormais à son plus haut niveau par rapport à la devise américaine en trois ans. Cela coïncide avec une envolée des rendements des obligations américaines.
Longtemps triomphant sur le marché des changes, le roi dollar ne cesse de perdre de sa superbe. De quoi remettre, petit à petit, en question son statut de valeur refuge.
Jugez plutôt : le Dollar Index, qui compare la devise américaine à un panier d’autres grandes monnaies, a perdu plus de 2,5% sur les cinq dernières séances et plus de 7% depuis le début de l’année.
Une chute qui profite à toute une série d’autres actifs refuges, comme le yen japonais, le franc suisse ou l’or.
Le métal jaune, valeur refuge par excellence en cas de période de troubles géopolitiques, a ainsi pris environ 6% en l’espace de cinq jours à peine, profitant pleinement de l’escalade de la guerre commerciale depuis l’annonce par Donald Trump de droits de douane massifs à l’encontre du reste du monde.
Mais une autre devise profite également de la situation : l’euro. La monnaie unique a pris jusqu’à 2,2% face au billet vert, ce vendredi, à plus de 1,14 dollar pour un euro. De quoi gonfler sa progression contre le « greenback » à 10% en 2025. Elle évolue dorénavant à son plus haut niveau en trois ans par rapport à son homologue américain.
L’Euro ne cesse de grimper face au dollar des États-Unis en 2025
Les économistes d’ING notent que cette hausse massive de l’euro face au dollar est « quasiment entièrement liée à la perte de confiance dans le billet vert ». Pour eux, il est difficile d’évaluer où s’arrêtera cette baisse du dollar, celui-ci agissant actuellement comme une « monnaie sensible au risque, à l’opposé d’une valeur refuge ».
Alors, comment expliquer cette perte de crédibilité de la devise américaine? Les experts épinglent des facteurs tels que la fin de l’exceptionnalisme américain ou le gonflement de la dette US.
De fait, l’effondrement du dollar s’inscrit dans une tendance plus large qui consiste à « vendre américain », les investisseurs redoutant que l’escalade de la guerre commerciale puisse faire dérailler l’économie de la première puissance mondiale. Ces derniers temps, ils délaissent donc non seulement le dollar, mais aussi d’autres actifs US, comme les bons du Trésor, faisant chuter leur cours.
Les taux flambent
Selon les calculs de l’agence Bloomberg, le marché de la dette publique américaine serait même sur le point de signer sa pire semaine depuis septembre 2019. À l’époque, la crise dite « du repo » avait secoué le marché obligataire US.
Or, cette baisse des cours obligataires s’accompagne, de façon mécanique, d’une hausse des taux d’intérêt des obligations. Le taux US à dix ans a gagné plus de 10 points de base en séance ce vendredi. Il est monté jusqu’à 4,58%, contre à peine 3,9% en début de semaine. Pareil pour les obligations à deux et à 30 ans, dont les rendements ont flambé cette semaine.
« Le problème auquel sont confrontés les marchés est la perte de confiance dans la politique américaine », estime Kathy Jones, de chez Charles Schwab. « Les changements abrupts dans la politique tarifaire ont provoqué la perte des transactions à effet de levier et ont poussé les acheteurs sur la touche. »