Au Togo, le Conseil des ministres a adopté le 14 novembre 2025 une exonération fiscale pour la provende. Cette mesure entrera en vigueur dès janvier 2026, après validation par le Parlement. Les aliments destinés au bétail et à la volaille pourront traverser les frontières sans payer de taxes douanières.
L’exécutif affirme vouloir stimuler la production carnée locale. La provende représente le principal poste de dépenses des éleveurs au Togo. Bref, elle absorbe environ 70 % des charges de production dans la filière avicole, selon les professionnels du secteur. Le maïs et le soja, composants essentiels de ces aliments, affichent des prix qui limitent la rentabilité des fermes togolaises.
Cette disposition s’intègre au projet de loi de finances pour 2026. Le budget prévoit 2 740,5 milliards de francs CFA, soit 14,4 % de plus qu’en 2025.
« Pour encourager la production carnée locale, la provenderie bénéficiera d’une exonération de taxes à l’importation en 2026 », précise le communiqué officiel du Conseil des ministres. Les dépenses sociales représentent près de 48 % des allocations budgétaires. Le gouvernement attend une croissance de 6,5 % en 2026, contre 6,2 % cette année.
L’allègement fiscal devrait réduire les coûts de production pour les éleveurs. Les intrants à prix abordables permettront d’améliorer les marges et de stabiliser les activités face à la volatilité des marchés internationaux. Les autorités tablent sur une baisse des tarifs de la viande, des œufs et de la volaille pour les consommateurs. La production nationale pourrait progresser et diminuer les importations de produits carnés congelés.
Cette politique prolonge les actions menées depuis plusieurs années. En février 2025, un arrêté du ministère des Ressources halieutiques et animales a réactivé le quota de 10 % d’achats locaux. Les importateurs de poissons, de viandes de volaille et de leurs dérivés doivent acquérir cette proportion en produits frais nationaux avant d’obtenir une autorisation d’importation.
Une disposition similaire avait déjà été introduite par le passé pour les importations de volailles, mais son application s’était révélée un énorme défi, rappelle Togo First.
Le secteur avicole togolais a franchi la barre des 35 millions de têtes de volailles en 2023. Pourtant, la production locale ne couvre qu’environ 10 % de la consommation nationale. Le pays importe massivement des poulets congelés pour combler ce déficit.
Le Centre d’Excellence Régional en Sciences Aviaires de l’Université de Lomé forme des professionnels à la biosécurité et à la gestion de production. En janvier 2024, le gouvernement avait suspendu temporairement les importations de volaille surgelée pour écouler 70 tonnes de stocks locaux en souffrance dans les abattoirs.
L’exonération sur la provende vise à renverser cette dépendance au Togo. Les éleveurs bénéficieront d’intrants moins chers pour nourrir leurs animaux. La mesure accompagne la stratégie de souveraineté alimentaire et de consommation locale promue par les autorités.
Le risque demeure toutefois d’affaiblir le contenu local si les importations d’aliments supplantent la production nationale de céréales. Enfin, la compétitivité des filières animales devrait s’améliorer si les prix de revient baissent effectivement.