Une enquête a été ouverte au Togo sur la mort de cinq personnes repêchées dans deux cours d’eau à Lomé, après plusieurs jours de manifestations fin juin, a annoncé le parquet à la télévision publique ce dimanche 6 juillet 2025 au soir.
Jusque-là, les autorités n’avaient pas donné de bilan chiffré, mais évoqué des morts « par noyade », deux selon la gendarmerie. L’opposition et la société civile avaient elles fait état de sept morts, tous repêchés à Lomé, qu’elles imputent aux forces de l’ordre.
Comme Amnesty International, elles ont demandé cette semaine l’ouverture d’enquêtes, évoquant également des blessés, des arrestations et des cas de mauvais traitements par les forces de l’ordre et des « miliciens » contre des manifestants.
Le même mois, deux vagues de manifestations ont eu lieu au Togo contre les arrestations d’opposants au gouvernement, la hausse du prix de l’électricité et la réforme constitutionnelle de 2024.
« Vendredi 27 juin, deux corps ont été découverts et répêchés dans le quatrième lac d’Akodessewa aux alentours de 10 heures (GMT) », a déclaré le procureur de la République Talaka Mawama, précisant qu’il s’agissait de deux hommes béninois de 23 et 25 ans.
« Le constat a conclu à une mort par noyade qui remonterait à 48 heures, soit avant le début de la série de manifestations », a-t-il dit à La Télévision Togolaise (TVT), média d’État.
Le même jour, « le commissariat de police d’Akodessewa a été saisi du repêchage de deux corps, cette fois-ci dans la lagune de Bè », a-t-il ajouté.
L’un des deux corps est celui d’un élève de troisième, « identifié par sa famille qui l’a aussitôt récupéré et l’aurait malheureusement inhumé sans qu’aucune constatation n’ait été faite », a-t-il affirmé.
L’autre est celui d’un adolescent âgé de 15 ans, dont « une expertise médico-légale (…) a conclu à une mort par noyade », a-t-il précisé.
« Samedi 28 juin, la brigade de gendarmerie d’Adjigbota a également été informée qu’un corps avait été repêché par la population dans la même lagune de Bè », celui d’un Gabonais de 21 ans, « mort par noyade », a dit le procureur.
« Sur l’ensemble de ces corps découverts durant la période indiquée, une enquête judiciaire a déjà été ouverte contre X et elle est en cours », a-t-il déclaré.
Nouvelles manifestations au Togo
M. Mawama a annoncé que depuis les premières manifestations début juin, 114 personnes avaient été arrêtées, dont « 87 ont été à ce jour mises en liberté ».
Dix-huit ont été reconnues coupables de « troubles aggravés à l’ordre public », a-t-il dit, puis condamnées à 12 mois de prison dont 11 avec sursis.
« Neuf autres font l’objet d’une information judiciaire » et sont aussi en détention, a-t-il conclu.
Il a notamment justifié les arrestations expliquant que les forces de l’ordre « ont été violemment prises à partie par les manifestants, qui se sont attelés à leur jeter des projectiles ou à les agresser directement ».
Le vendredi 4 juillet, un nouvel appel à manifester contre le pouvoir a été lancé par les organisateurs des contestations de juin.
Les manifestations sont prévues les 16 et 17 juillet 2025 : le deuxième jour correspond aux élections municipales, dont le report a été demandé par d’importants partis d’opposition et par la société civile.
Depuis fin juin 2025, plusieurs journalistes ont été convoqués par la Haute autorité de l’audiovisuel et de la communication (HAAC) et des associations ont dénoncé des restrictions d’accès à internet.
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