Une délégation du patronat venue d’Algérie a passé plusieurs jours à Lomé, capitale du Togo, début novembre 2025. Menée par Abderrahmane Sidi Saïd, président de l’Organisation du Patronat Algérien, cette mission visait à explorer des opportunités concrètes entre opérateurs économiques des deux nations.
Les entretiens se sont tenus avec José Kwassi Syemenouh, qui dirige la Chambre de Commerce et d’Industrie du Togo.
Au menu des discussions : agro-industrie, énergies renouvelables et logistique. Deux secteurs prioritaires émergent. L’agro-industrie d’abord, où le Togo transforme déjà ses phosphates et ses productions agricoles sur la Plateforme industrielle d’Adétikopé. L’énergie ensuite, domaine où l’Algérie possède un savoir-faire éprouvé en matière d’hydrocarbures et de diversification énergétique.
Des chiffres encore timides
Les échanges commerciaux entre les deux pays demeurent limités. Selon la plateforme Comtrade des Nations unies, le Togo a exporté vers l’Algérie pour environ 506 000 dollars en 2024.
Dans l’autre sens, les importations togolaises de produits algériens avoisinent 2 millions de dollars. Des montants modestes qui contrastent avec les ambitions affichées.
Enfin, cette asymétrie s’explique aisément. Le Togo commerce principalement avec le Burkina Faso, le Bénin et le Ghana. L’Algérie, elle, concentre ses échanges sur l’Italie, la France et la Chine.
Les deux économies ne se croisent que rarement jusqu’à présent.
Néanmoins, il convient de noter que cette rencontre s’intègre dans une stratégie plus vaste. Les discussions ont porté sur la création d’entreprises au Togo, les procédures administratives et les dispositifs d’accompagnement pour investisseurs étrangers. Bref, les questions pratiques qui permettent réellement d’implanter des activités économiques.
Les zones industrielles des deux pays pourraient servir de tremplin. Le Togo mise sur sa plateforme d’Adétikopé et son positionnement géographique. Le port de Lomé dessert le Niger, le Mali et le Burkina Faso. L’Algérie recherche des débouchés en Afrique subsaharienne pour diversifier son économie au-delà des hydrocarbures.
D’après le Journal du Togo, Sidi Saïd a salué « un climat d’affaires togolais accueillant, prêt à accueillir des idées neuves ». Ces mots restent généraux mais traduisent une intention. Le patronat algérien observe les marchés ouest-africains avec un intérêt croissant.
Un rapprochement politique qui date
Il y a près de quatre ans, Lomé et Alger ont commencé à discuter suppression de visas diplomatiques et création d’un Conseil algéro-togolais des affaires. Ces mécanismes institutionnels favorisent les investissements croisés. Mais entre intentions et réalisations concrètes, le chemin reste long.
Le Togo affiche une croissance économique de 6,2 % prévue pour 2025, selon le Conseil National du Crédit. Cette performance repose sur des investissements publics soutenus, la digitalisation administrative et la transformation locale des matières premières. L’Algérie de son côté engage une diversification post-hydrocarbures après des décennies de dépendance énergétique.