Le Togo s’impose désormais comme l’une des références africaines en matière de cybersécurité. Cette montée en puissance est le fruit d’une stratégie numérique ambitieuse déployée ces dernières années.
Selon l’édition 2024 du Global Cybersecurity Index (GCI) de l’Union internationale des télécommunications (UIT), le pays ouest-africain a en effet réalisé un bond spectaculaire en atteignant un score de 88,8 points sur 100, le propulsant dans le « Tier 2 – Advancing », la deuxième catégorie de performance la plus élevée au niveau mondial.
Une grande évolution pour le Togo
La progression est d’autant plus remarquable que le précédent classement avait attribué au Togo un score de seulement 33,19 points.
Cette performance lui permet dorénavant de se hisser sur le podium ouest-africain, juste derrière le Bénin et le Ghana, et d’intégrer le top 10 continental, devançant des nations comme le Sénégal et le Nigeria, pourtant considérées comme des puissances numériques régionales.
D’après l’UIT, les pays classés dans le « Tier 2 – Advancing » sont « ceux faisant preuve d’un engagement fort en matière de cybersécurité dans le cadre d’actions coordonnées et menées par les pouvoirs publics, qui englobent l’évaluation, l’établissement ou la mise en œuvre de certaines mesures de cybersécurité généralement acceptées dans un maximum de 4 piliers ou d’un nombre substantiel d’indicateurs ».
Cette ascension fulgurante trouve ses racines dans une série d’initiatives stratégiques initiées dès 2018, avec l’adoption de la loi n°2018-026 sur la cybersécurité et la lutte contre la cybercriminalité, qui a posé les fondements juridiques de la protection du cyberespace togolais.
La crise sanitaire de la covid-19 a ensuite joué un rôle d’accélérateur dans cette transformation numérique, conduisant en 2020 à l’élaboration d’une stratégie nationale baptisée « Togo Digital 2025 ».
Cette feuille de route ambitieuse visait notamment à instaurer un cadre juridique favorable au développement du numérique, avec des lois spécifiques sur les communications et transactions électroniques, la société de l’information, la cybersécurité et la protection des données personnelles.
Pour concrétiser cette vision, plusieurs structures spécialisées ont vu le jour : l’Autorité de régulation des communications électroniques et des Postes (ARCEP), l’Agence nationale de la cybersécurité (ANCy), le Centre national de réponse aux incidents de cybersécurité (CERT.tg) et l’Instance de protection des données à caractère personnel (IPDCP).
Plus récemment, en mai 2024, Lomé s’est doté d’une stratégie nationale de cybersécurité 2024-2028, témoignant de sa volonté de maintenir cette dynamique positive.
Malgré ces avancées significatives, le pays doit encore relever d’importants défis, particulièrement le manque de compétences locales en cybersécurité, une problématique qui touche l’ensemble du continent africain.
Selon le rapport « 2024 Cybersecurity Workforce Report » du Boston Consulting Group, l’Afrique ne compte que 297 667 experts en cybersécurité, un chiffre bien inférieur aux besoins réels. Près de 68 800 postes demeurent vacants, faute de main-d’œuvre qualifiée.
Pour répondre à cette pénurie, les autorités togolaises ont fait le choix de s’associer en 2019 avec le spécialiste polonais Asseco Data Systems S.A, créant ainsi Cyber Defense Africa (CDA).
Cette joint-venture vise à former des professionnels en cybersécurité, à développer des solutions adaptées aux défis spécifiques du continent et à établir des partenariats pour coordonner les efforts de défense numérique à l’échelle africaine.
L’intégration du Togo dans cette deuxième catégorie mondiale de cybersécurité illustre parfaitement comment un pays en développement peut, à travers une vision claire et des investissements ciblés, se positionner à l’avant-garde d’un secteur aussi stratégique que la sécurité numérique, devenant ainsi un modèle pour d’autres nations africaines en quête de souveraineté technologique.