Togo : Amnesty demande une enquête sur des « allégations de torture » contre des manifestants

Credit Photo : DR

Amnesty international a demandé ce mardi 17 juin 2025 aux autorités du Togo d’enquêter sur des « allégations de torture » contre des manifestants arrêtés lors de marches dénonçant le pouvoir à Lomé début juin, le gouvernement répondant de son côté ne pas avoir eu connaissance de tels cas.

Les manifestants, majoritairement des jeunes, étaient descendus dans la rue les 5 et 6 juin 2025 pour contester notamment la nouvelle Constitution togolaise adoptée en avril 2024, qui permet au dirigeant Faure Gnassingbé de consolider son pouvoir.

« Les autorités togolaises doivent enquêter sur les allégations de torture sur des manifestants à la suite des manifestations qui ont eu lieu au début du mois », a écrit Amnesty dans un communiqué.

L’ONG dit s’être « entretenue avec 10 manifestants dans les jours qui ont suivi leur détention à la gendarmerie de Djidjolé » à Lomé : « Tous ont déclaré avoir été soumis à la torture ou à d’autres mauvais traitements », a-t-elle affirmé.

En outre, « trois certificats médicaux consultés par Amnesty International font état de « contusions des muscles fessiers » et un quatrième de « contusions des muscles paravertébraux », a indiqué l’ONG qui ajoute avoir « constaté des blessures sur des photographies de manifestants ».

Interrogée par l’AFP, Yawa Kouigan, la ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement togolais, assure ne pas avoir été informée de tels cas.

« La torture est une chose inacceptable et condamnable. D’ailleurs, le cadre juridique togolais définit clairement, prohibe et sanctionne tout acte de torture », a-t-elle affirmé.

Selon elle, il s’agit « à ce stade, de déclarations qui affleurent sur les réseaux sociaux et qui, à (sa) connaissance, n’ont pas fait l’objet d’une saisine de la justice. Si la justice était saisie, les preuves fournies et les faits établis, leurs présumés auteurs seraient soumis aux rigueurs de la loi », car le Togo est « un Etat de droit », a-t-elle ajouté.

« Trois manifestants toujours détenus »

« Le Togo a été condamné une dizaine de fois ces dernières années », par la Cour de justice ouest-africaine, « pour avoir eu recours à la torture », a rappelé le chercheur pour Amnesty Fabien Offner.

Les manifestations lancées sur les réseaux sociaux par des jeunes et des militants de la société civile ont eu lieu à Lomé pour protester contre la vie chère, les arrestations de voix critiques du pouvoir et la réforme constitutionnelle.

Le procureur de la République avait annoncé l’arrestation de 56 personnes, finalement libérées, et la prolongation de la garde à vue de quelques autres.

« Trois manifestants sont toujours détenus à la date du 17 juin », a affirmé Amnesty.

La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT) avaient indiqué « qu’au moins 7 manifestants ont affirmé avoir fait l’objet d’actes de torture et de mauvais traitements pendant leur garde à vue ».

De nouveaux appels à manifester ont été lancés sur les réseaux sociaux, pour les 26, 27 et 28 juin.

Le Togo est dirigé depuis 2005 par Faure Gnassingbé, successeur de son père resté près de 38 ans à la tête du pays.

La nouvelle Constitution a fait passer le Togo dans un régime parlementaire, dont il occupe la plus haute fonction, celle de président du Conseil.

© AFP

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