Véritable casse-tête pour les étrangers résidant en France, le titre de séjour est d’une importance capitale. Son obtention ou son renouvellement est souvent source de stress pour de nombreuses personnes.
En dépit des dispositions pratiques mises en place par le conseil d’État obligeant les préfectures à introduire d’autres canaux pour accompagner la procédure dématérialisée, cette dernière, souvent accompagnée d’importants retards, continue de gâcher la vie aux résidents étrangers.
C’est le cas de Fatima, une Algérienne qui vit régulièrement en France depuis 2009, et dont l’histoire a été rapportée par le journal français La Voix Du Nord. Tout allait bien pour cette femme qui a d’abord pu obtenir un titre de séjour de 10 ans, ce qui lui a permis de trouver un travail, avant que tout ne bascule en 2019, quand le moment de renouveler son titre de séjour est arrivé.
« Je n’ai jamais rien reçu. Je suis allée à la préfecture à Lille des centaines de fois, je n’ai jamais eu de réponse, ni par téléphone ni par courrier recommandé », déplore Fatima qui a vu sa vie en France virer peu à peu vers le cauchemar.
Sans titre de séjour ni récépissé qui prouve qu’une demande est en cours, Fatima a d’abord perdu son travail puis son logement. Après 10 ans en règle, cette femme a sombré dans la clandestinité malgré elle. « Si j’avais un simple récépissé, je pourrais vite retrouver du travail… », déplore cette Algérienne désormais sans papiers en France.
Comme Fatima, il y en a des dizaines dans la région Nord, affirment plusieurs associations défendant les droits des immigrés en France. Sans titre de séjour, « ces personnes ne sont plus rien », dénonçaient ces collectifs lors d’une marche organisée à la Place de la république à Lille, mercredi.
Lors de cette marche, l’on pointe notamment du doigt « un manque d’effectif » au niveau des préfectures, mais aussi « une procédure dématérialisée qui complique tout ».
De son côté, la préfecture, interrogée par le journal français, assure que bien que chaque demande de titre de séjour soit traitée « rigoureusement », son personnel administratif veille « à éviter les risques de rupture de droits, dont ils mesurent les conséquences ».
Concernant les canaux mis à disposition des demandeurs, la préfecture indique qu’outre les boites mails, les usagers peuvent aussi opter pour une permanence téléphonique, voire un accueil physique, ajoutant que ce fonctionnement a suscité « la pleine satisfaction » des demandeurs.
En outre, la préfecture du Nord n’a pas manqué de souligner qu’elle reçoit pas moins de 3 500 demandes de titre de séjour chaque année, ce qui la pousse à inviter les demandeurs de déposer leurs dossiers « dans les délais ».