Dans un geste hautement symbolique, le maréchal Mahamat Idriss Déby Itno, président du Tchad, s’est recueilli au mémorial Thomas Sankara.
Le tout s’est déroulé lors de sa visite à Ouagadougou pour l’ouverture de la 29e édition du FESPACO.
Accompagné du Premier ministre burkinabè, Jean-Emmanuel Ouédraogo, le chef d’État tchadien a déposé une couronne de fleurs au pied de la statue de celui qui incarna la révolution burkinabè.
Son geste peut être vu comme une marque de son respect pour cette figure emblématique du panafricanisme.
Par ailleurs, cette visite revêt une dimension particulière dans le contexte actuel des relations tendues entre plusieurs pays africains et l’ancienne puissance coloniale.
L’héritage de Thomas Sankara, assassiné le 15 octobre 1987 dans des circonstances tragiques, continue de résonner avec force dans l’Afrique contemporaine.
Son assassinat, dont la justice burkinabè a établi la responsabilité de l’ancien président Blaise Compaoré, condamné à la perpétuité, demeure une plaie ouverte dans la mémoire collective africaine.
La présence du président tchadien au mémorial rappelle l’impact durable des idées de Sankara, qui fut bien plus qu’un simple dirigeant politique.
Arrivé au pouvoir en 1983 à l’âge de 33 ans, ce jeune capitaine avait entrepris une transformation radicale de son pays, rebaptisant la Haute-Volta en Burkina Faso, « le pays des hommes intègres ».
Son programme ambitieux, combinant lutte contre la corruption, émancipation des femmes, protection de l’environnement et développement économique autonome, avait notamment permis d’éradiquer la faim dans son pays en seulement quatre ans.
L’hommage rendu par le président Déby Itno souligne la persistance de l’influence de Sankara, dont le discours anti-impérialiste et la vision d’une Afrique autonome trouvent aujourd’hui un écho particulier.
Cette visite intervient alors que plusieurs nations africaines, dont le Tchad, réexaminent leurs relations avec la France, rappelant étrangement les positions de Sankara qui, en son temps, avait osé critiquer ouvertement la politique africaine de l’Hexagone.
Plus de trois décennies après sa disparition, Thomas Sankara demeure une source d’inspiration pour les nouvelles générations d’Africains.
Son engagement pour la souveraineté économique, sa lutte contre la dette et sa vision d’une Afrique unie et indépendante continuent d’alimenter les débats sur l’avenir du continent.
L’hommage du président tchadien, au-delà du protocole diplomatique, témoigne de la vivacité de cet héritage politique dans une Afrique en pleine mutation.