Depuis plus d’un mois, les relations diplomatiques entre les pays de l’Alliance des Etats du Sahel (AES) et l’Algérie se sont effritées.
Une situation survenue suite à l’abattement d’un aéronef appartenant aux forces armées maliennes par Alger le 1er avril 2025 à Tinzaouaten, la frontière entre le Mali et l’Algérie.
Alger a justifié son action par le fait que l’appareil aurait violé son espace aérien. Une version contestée par Bamako qui affirme que le drone opérait dans les limites de son territoire.
Cette situation a créé une nouvelle crise diplomatique entre les deux Etats voisins.
En signe de solidarité, les deux autres pays qui avec le Mali, forment l’AES, à savoir le Burkina Faso et le Niger, se sont rangés du côté de Bamako et tout comme lui, ont rappelé leurs ambassadeurs en poste en Algérie.
La position du capitaine Ibrahim Traoré
Lors de sa visite en Russie la semaine dernière, le président burkinabè, le capitaine Ibrahim Traoré est au cours d’une interview accordée à la chaîne de télévision Russia Today (RT), revenu sur cet incident qui a suscité la crise diplomatique entre les pays de l’AES et l’Algérie.
Pour le dirigeant burkinabé, l’action posée par Alger à l’endroit de l’aéronef malien était un « acte délibéré » qu’il a d’ailleurs qualifié « d’inamical ».
« Vous avez suivi les événements et je pense que tout le monde comprend comment cela fonctionne. Nous sommes au regret de voir l’incident qui est arrivé à la frontière algérienne avec le drone qu’ils ont abattu. Il faut le dire clairement, ce n’est pas amical parce qu’on n’abat pas un appareil volant comme ça.
Tout le monde connaît le protocole. Donc il n’y a pas à se voiler la face. Si un appareil traverse votre frontière, même s’il rentre sur le territoire du pays, on l’identifie. Les radars permettent de l’identifier et on sait à quel pays il appartient. Et il y a les relations diplomatiques pour cela.
On contacte l’ambassade et il y a des attachés de défense et beaucoup de mécanismes. On les contacte et ils peuvent confirmer si c’est leur appareil ou pas. S’il est sur le territoire, peut-être qu’il a besoin d’aide ou bien, il a perdu l’orientation.
Tout cela, parce qu’un appareil peut être en l’air et peut avoir des problèmes avec la météo et il est obligé de se cacher derrière les nuages. Cela arrive très souvent dans nos pays. Donc un appareil rentre dans notre espace aérien.
Quand on leur demande, ils disent qu’il y a beaucoup de couvertures nuageuses, mais en tout cas, un phénomène météorologique qui l’amène à venir passer par-là. Il peut avoir un problème technique et demander de l’aide pour qu’on le guide à ce qu’il atterrisse. Donc, il y a tellement de facteurs qui peuvent faire qu’un appareil se retrouve dans un espace aérien. On n’abat pas un appareil systématiquement.
Le cas est arrivé avec nous. On a vu un appareil américain qui rentrait sur notre territoire et qui faisait des reconnaissances. On ne l’a pas abattu.
On a pris le soin de contacter l’ambassade américaine qui a pris quelques minutes et a confirmé que c’est leur appareil et ils ont dégagé l’espace. On n’abat pas un appareil systématiquement. C’est un acte délibéré, inamical d’abattre l’appareil et c’est regrettable », a déclaré le capitaine Ibrahim Traoré.