Côte d’Ivoire : Le quotidien « Le temps » et son directeur suspendus par l’ANP pour cette raison

Temps directeur ANP Côte d'Ivoire

Crédit : Pulse Côte d'Ivoire

Le quotidien « Le Temps » et son directeur de publication, Yacouba Gbané, ont été suspendus par l’ANP (Autorité Nationale de la Presse) en Côte d’Ivoire.

La suspension a été annoncée le 5 avril 2023 pour six parutions en raison d’atteintes à l’image et à l’honneur du corps judiciaire. Les articles incriminés ont été publiés le 20 mars 2023.

Le communiqué de l’ANP a déclaré que Le Temps et son Directeur avaient commis une faute grave en publiant des articles qui intervenaient dans le cadre d’une procédure en cours.

La publication de la photographie de la magistrate sans son consentement a été considérée comme une atteinte à son droit à l’image.

De ce fait, elle mettait à mal son activité, le secret de l’instruction, son intégrité physique, et fait d’elle l’une des figures de proue de l’oppression alléguée.

Les articles ont également été considérés comme portant atteinte à l’honneur et à la considération du corps judiciaire.

L’entreprise de presse Laurana Group SA, ainsi que Yacouba Gbané, disposent chacun des délais de droit commun pour saisir la juridiction administrative compétente.

Cette suspension souligne l’importance de respecter le code de déontologie et la législation sur la presse pour préserver les droits et la dignité des individus et des institutions. Les journalistes doivent toujours être vigilants et veiller à ce que leur travail ne porte pas atteinte aux droits des personnes et ne participe pas à la manipulation de l’information.

Voici le communiqué en intégralité :

COMMUNIQUE DE L’AUTORITE NATIONALE DE LA PRESSE

L’ANP SUSPEND LE QUOTIDIEN LE TEMPS EN CÔTE D’IVOIRE ET SON DIRECTEUR YACOUBA GBANE

Le Collège des conseillers de l’Autorité nationale de la presse (ANP), délibérant en sa quatrième session ordinaire de l’année 2023, le jeudi 30 mars, a suspendu le quotidien Le Temps édité par l’entreprise de presse Laurana Group SA, pour six (06) parutions et suspendu d’écriture, pour trois (03) mois, M. Yacouba GBANE, Directeur de publication, auteur des articles incriminés.

Des faits, il ressort que, dans son édition n°5659 du lundi 20 mars 2023, le journal a publié en page 06, deux articles, dont celui annoncé à la Une et intitulé : « Convocation du Sg du PPA-CI, aujourd’hui/ Qui est la juge qui entendra Pickass ?», illustré de la photographie de Madame le doyen des juges d’instruction du Tribunal de Première Instance d’Abidjan, en charge du dossier.

Dans l’article intitulé « Savoir s’envoyer », l’auteur, dans une vive critique, présente l’appareil judiciaire et les magistrats comme un instrument du pouvoir exécutif servant à opprimer les opposants ivoiriens, sans en rapporter la moindre preuve et profère des menaces à leur encontre, en ces termes : « Que les juges prennent garde ».

L’ANP, relevant que ces articles sont intervenus dans le cadre d’une procédure en cours, a estimé, qu’en publiant la photographie de la magistrate sans son consentement, le journal porte atteinte à son droit à l’image et met à mal son activité, le secret de l’instruction, son intégrité physique et fait d’elle, l’une des figures de proue de cette oppression alléguée.

Aussi, ces articles portent atteinte à l’honneur et à la considération du corps judiciaire.

Ces manquements sont réprouvés par les articles 31 et 91 de la loi n°2017-867 du 27 décembre 2017 portant régime juridique de la presse, telle que modifiée par la loi 2022-978 du 20 décembre 2022 relatif notamment au respect du droit à l’image, à la vie privée, à l’honneur et à la réputation, ainsi que l’article 11 du Code de déontologie qui recommande au journaliste de Ne jamais publier d’image sans s’être préalablement assuré qu’elle ne viole pas la présomption d’innocence, ne porte pas atteinte à la dignité et à l’honneur, ne participe pas de la manipulation de l’information et de la désinformation, n’expose pas l’intégrité physique et morale du ou des sujets.

Entendu sur les conditions de rédaction et de publication des articles incriminés, le Directeur de publication n’a pu, par ses arguments, convaincre le Conseil, d’où les sanctions infligées.

L’entreprise de presse Laurana Group SA, et Yacouba GBANE disposent, chacun en ce qui le concerne, des délais de droit commun, pour saisir la juridiction administrative compétente.

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