Disparitions, tortures et exécutions extrajudiciaires : Amnesty international a dénoncé ce lundi 20 octobre 2025 les « violations systématiques » des droits humains en Tanzanie et leur intensification à l’approche des scrutins législatif et présidentiel du 29 octobre, dont l’opposition a été exclue.
L’actuelle présidente Samia Suluhu Hassan avait dans un premier temps été saluée pour avoir assoupli les restrictions instaurées par son autoritaire prédécesseur John Magufuli (2015-2021). Candidate à sa réélection, elle est aujourd’hui vertement critiquée par l’opposition et les ONG.
Entre janvier 2024 et octobre 2025, Amnesty a recensé des « abus généralisés » envers les critiques du pouvoir, notamment « des disparitions forcées, des arrestations arbitraires, des actes de torture et autres mauvais traitements, ainsi que des exécutions extrajudiciaires ».
Pour écrire un rapport d’une trentaine de pages consulté par l’AFP, l’ONG dit avoir interrogé 43 personnes, des témoins, victimes, proches de victimes, membres d’ONG et avocats, et analysé de nombreuses images et publications.
En septembre 2024, un haut responsable de Chadema âgé de 69 ans, Ali Mohammed Kibao, a été enlevé dans la capitale économique Dar es Salaam, et son corps abandonné près des côtes de l’océan Indien. Une enquête avait été ouverte sur l’assassinat violent (son visage était défiguré à l’acide), mais aucun progrès sur celle-ci n’a été constaté, dénonce Amnesty.
Un créateur de contenu de 24 ans a disparu, un autre a signalé des enlèvements et des actes de torture. Les plateformes de réseaux sociaux populaires comme JamiiForums et X, ont également été soumises à des restrictions et resteront interdites pendant la période électorale, et des dizaines de personnes ont été arrêtées lors de différents rassemblements, liste également le rapport.
L’ex-ambassadeur du pays à Cuba Humphrey Hesron Polepole, critique du pouvoir, a disparu ce mois-ci.
La répression de l’espace civique s’aggrave « sans que personne ne soit tenu responsable de ces actes », a condamné la directrice régionale pour l’Afrique de l’Est et l’Afrique australe d’Amnesty Tigere Chagutah, citée dans un communiqué.
« Des lois vagues et excessivement larges favorisent une application sélective, compromettent la participation démocratique et violent les normes internationales en matière de droits humains », souligne le rapport.
Le principal parti d’opposition Chadema a été exclu des élections pour avoir refusé de signer le Code de conduite électoral. Son dirigeant Tundu Lissu, arrêté en avril, est toujours jugé pour « trahison », une accusation passible de la peine capitale.
Le candidat à la présidentielle d’ACT Wazalendo, Luhaga Mpina, a également été disqualifié.
Avec AFP