Le dossier avance à pas feutrés, mais la déclaration est ferme : « Je voudrais dire à mes parents atchans que Djidji Ayôkwé sera bientôt parmi nous grâce à nos prières et à la dextérité politique du Président Alassane Ouattara », a déclaré Robert Beugré Mambé, Premier Ministre ivoirien, le mercredi 27 août 2025, du haut de la tribune du Forum Connect Côte d’Ivoire.
L’annonce, sobre mais solennelle, a immédiatement déclenché des ovations parmi les représentants des quatorze districts et trente et une régions du pays.
En effet, exposé actuellement au musée du Quai Branly-Jacques Chirac à Paris, ce tambour parleur, véritable patrimoine culturel des Ébrié (également appelés Tchaman), s’apprête à traverser la Méditerranée pour retrouver les terres lagunaires qui l’ont vu naître.
Son retour marque l’aboutissement d’un processus diplomatique discret mais persistant entre Paris et Abidjan.
La désacralisation du tambour, étape préalable nécessaire, s’est déroulée dans la capitale française en présence de Françoise Remarck, ministre de la Culture et de la Francophonie, et de dignitaires de la communauté Bidjan.
Rituel symbolique autant que juridique, cette cérémonie a ouvert la voie à la restauration puis à la restitution de l’objet.
Dans ce contexte d’émergence d’une « économie orange » revendiquée par le gouvernement ivoirien, le retour du « Djidji Ayôkwé » dépasse la simple récupération d’un artefact. Il s’inscrit dans une dynamique plus large de réappropriation patrimoniale observée sur le continent africain depuis quelques années.
Pour les communautés atchans des rives de la lagune Ébrié, l’annonce résonne comme la promesse d’une réconciliation avec une part de leur histoire, longtemps exposée sous les néons parisiens.
Le tambour parleur, bien plus qu’un instrument de musique, incarne une mémoire collective et un système de communication ancestral.