Mohammed Hamdan Daglo vient d’annoncer un cessez-le-feu de trois mois au Soudan. Les paramilitaires des Forces de soutien rapide suspendent les combats pendant un trimestre, espèrent-ils, pour permettre l’accès humanitaire. C’était ce lundi 24 novembre 2025. La veille, leur adversaire avait déjà balayé toute perspective d’apaisement.
Le général Abdel Fattah Al-Bourhane dirige l’armée régulière depuis Port-Soudan, sa ville refuge. Il a qualifié la proposition américaine d’inacceptable. Dimanche, il appelait les citoyens à rejoindre immédiatement les lignes de front. Son ancien second s’est lancé dans la bataille du pouvoir en avril 2023. Vingt mois plus tard, le pays sombre dans ce que les Nations unies nomment la pire catastrophe humanitaire mondiale.
Massad Boulos, émissaire de Donald Trump pour l’Afrique, avait transmis un plan au nom de Washington, Riyad, Le Caire et Abou Dhabi. Les détails restent confidentiels. Peu importe, semble-t-il. Al-Bourhane accuse les médiateurs de partialité. Les Émirats arabes unis soutiennent les FSR, affirme-t-il.
Des rapports de l’ONU documentent effectivement des livraisons d’armes, de mercenaires, de carburant vers les paramilitaires. Abou Dhabi dément. Les preuves s’accumulent pourtant — trente-deux vols recensés entre juin 2023 et mai 2024, selon des évaluations confidentielles financées par le département d’État américain.
Reem Al-Hashimy, ministre émiratie, a répliqué lundi. Elle déplore qu’Al-Bourhane refuse constamment les offres de paix et fasse preuve d’obstruction. Bref, chacun accuse l’autre d’empêcher la résolution du conflit. Le chef de l’armée soudanaise va plus loin. Il estime que le texte proposé éliminerait les forces armées, dissoudrait les services de sécurité, maintiendrait les milices en position. Il réclame leur désarmement.
La question des Frères musulmans empoisonne également les discussions. Al-Bourhane conteste qu’ils contrôlent son armée — une accusation qu’il attribue à la propagande émiratie reprise par Boulos. Mohammed Hamdan Daglo affirme quant à lui refuser tout processus politique incluant ce mouvement islamiste. Il les tient pour responsables des tragédies nationales depuis trois décennies, aux côtés du Congrès national d’Omar Al-Bachir.
Plusieurs dizaines de milliers de Soudanais sont morts depuis le début des hostilités. Des millions ont fui leurs foyers. La région du Darfour vient de basculer entièrement sous contrôle paramilitaire après la chute d’El-Facher. Les FSR dominent désormais un territoire grand comme la France métropolitaine. Enfin, presque. Car les deux camps multiplient les opérations dans le Kordofan voisin, zone pétrolifère convoitée.
Les cessez-le-feu précédents n’ont jamais tenu. Tous ont été violés par les belligérantes. Cette fois, les paramilitaires décrètent une pause unilatérale sans attendre l’aval de leur adversaire. L’armée mobilise ses troupes pour reprendre l’offensive. Entre promesses de trêve et appels à la guerre, le cycle se répète. Les civils continuent de payer le prix de cette impasse.