Lundi 17 et mardi 18 novembre 2025, Cotonou va devenir le point de convergence des acteurs de la transformation numérique en Afrique de l’Ouest et du Centre grâce à un sommet.
Le gouvernement béninois et la Banque mondiale organisent en effet un sommet régional qui vise à réduire la fracture numérique et à développer les compétences en intelligence artificielle. L’objectif final : adopter une « Déclaration de Cotonou » en faveur d’un marché numérique régional inclusif selon Fineco.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes. En Afrique de l’Ouest et du Centre, seulement quarante pour cent de la population utilise Internet. Pourtant, environ soixante-dix pour cent des personnes qui ne l’utilisent pas vivent dans des zones déjà couvertes par des infrastructures existantes, selon la Banque mondiale.
Le problème n’est donc pas uniquement technique. Il relève aussi de l’accès économique et de l’appropriation des outils numériques.
Des enjeux économiques considérables
La numérisation stimule l’emploi et réduit la pauvreté. Elle renforce la compétitivité des entreprises et des PME. Les gouvernements doivent créer un environnement propice à cette transformation.
Le secteur privé apporte le capital, l’innovation et la capacité de déployer des écosystèmes numériques durables à grande échelle. Bref, les deux mondes doivent collaborer.
Le sommet réunira des décideurs publics, des partenaires techniques et des acteurs privés. Parmi les organisations attendues figurent la GSMA et l’Alliance Smart Africa.
Les discussions porteront sur les objectifs de transformation numérique de l’Union africaine à l’horizon 2030. Les participants devront convenir d’une déclaration commune pour accélérer les réformes et les investissements dans le secteur.
Une question de souveraineté technologique
L’intelligence artificielle occupe une place centrale dans les débats. Les compétences en IA demeurent rares sur le continent. Selon les projections de la Banque africaine de développement, l’intelligence artificielle pourrait contribuer à hauteur de 1500 milliards de dollars au PIB africain d’ici 2030. Cette perspective repose sur une condition : que le continent dispose des infrastructures et des compétences nécessaires.
Les défis persistent. Les Africains dépensent 6,5 pour cent de leur revenu mensuel pour seulement deux gigaoctets de données, soit quatorze fois plus qu’en Europe. Quarante-deux pour cent des Africains manquent de compétences numériques de base.
Les femmes ne représentent que 24 pour cent de la main-d’œuvre technologique. Enfin, le continent ne représente que 1,3 pour cent de la capacité mondiale de centres de traitement de données installée, rapporte la Commission économique des Nations unies pour l’Afrique.
Le Bénin ambitionne de devenir la plateforme des services numériques pour toute l’Afrique de l’Ouest. Le pays multiplie les événements de cette nature depuis quelques années. En mai dernier, Cotonou a accueilli le Forum africain du Sommet mondial sur la société de l’information. En juin, la ville a hébergé le Cyber Africa Forum. Ces rassemblements construisent progressivement une réputation régionale.
La « Déclaration de Cotonou » qui sortira de ce sommet dessinerait les contours d’une stratégie commune. Elle devra aligner les politiques nationales sur les objectifs continentaux. Les années suivantes révéleront si cette feuille de route produit des résultats concrets ou si elle rejoint la longue liste des déclarations sans lendemain.