La présidente du conseil italien Giorgia Meloni organise les 28 et 29 janvier à Rome un sommet Italie-Afrique rassemblant 26 pays du continent.
Au menu, la présentation tant attendue de son « plan pour l’Afrique », pierre angulaire de sa politique africaine depuis son arrivée au pouvoir.
L’Afrique est plus qu’une priorité pour Mme Meloni, c’est une vocation. Entre crises migratoires à endiguer et ressources à exploiter, le continent concentre tous les enjeux de politique étrangère de la dirigeante italienne.
Le plan pour l’Afrique, jusqu’ici confidentiel, doit incarner le « changement de paradigme » prôné par Rome dans ses relations avec l’Afrique.
Investissements massifs européens d’un côté, lutte contre les causes profondes de l’immigration illégale de l’autre : la recette Meloni pour un partenariat « d’égal à égal » avec l’Afrique.
Contrairement à la France, affaiblie sur le continent, l’Italie mise sur son image positive en Afrique pour s’imposer comme facilitateur entre Europe et Afrique. La péninsule se pose aussi en hub énergétique entre ressources africaines et marché européen.
Le plan Mattei, le pilier de la coopération Italie – Afrique
Inspiré par Enrico Mattei, figure tutélaire du pétrolier public Ente Nazionale Idrocarburi (ENI), le « plan Mattei » de Mme Meloni n’oublie pas la fibre tiers-mondiste historique de la droite italienne.
Dénonçant le franc CFA comme une « monnaie coloniale », la dirigeante a multiplié les clins d’œil anticolonialistes, gagnante aussi en politique intérieure.
L’ENI, pilier du plan Mattei, a intensifié sous Mme Meloni ses investissements en Afrique, notamment pour sécuriser l’approvisionnement gazier de l’Italie.
Mais les diplomates africains attendent de juger sur pièces la proposition italienne, Rome gardant ses cartes près du gilet. Loin des leçons de moral, le discours italien plaît pourtant en Afrique.
« Ils ont compris que nous avons changé d’époque, ils ne sont pas donneurs de leçons. C’est un atout », salue l’ambassadeur du Congo-Brazzaville à Rome.
Depuis son élection, Mme Meloni a rencontré 20 dirigeants du continent. Son activisme tranche avec la timidité italienne passée en Afrique.
Mais le lien avec l’Europe reste flou : en rivalité avec Paris, Rome construit aussi son leadership africain sur les ruines de la relation franco-africaine.
Un pacte migratoire conclu avec la Tunisie en 2023, impliquant Bruxelles et La Haye, a montré les limites de l’approche italienne.
Mais le sommet de Rome, avec Ursula von der Leyen en invitée, est une nouvelle occasion pour Mme Meloni de rallier l’UE à sa vision africaine. Quitte à agir en précurseur : 70% du fonds italien pour le climat, soit 3 milliards d’euros, sera consacré à l’Afrique.
De quoi « espérer un effet d’entraînement » fait valoir le responsable Afrique de Sant’Egidio, influente ONG catholique. Et propulser l’Italie partenaire du « Sud global » face aux défis migratoires.
Les institutions africaines, elles, attendent de voir comment le plan Mattei s’articulera avec leurs propres efforts de développement.
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