Simandou 2040 : la Guinée lance un nouveau volet du programme

Simandou Guinée

Crédits photo : RFI carte archive

La Guinée Conakry a officialisé jeudi 13 novembre le troisième pilier du programme Simandou 2040. Cette annonce intervient en marge du Transform Africa Summit qui réunit plus de 3 000 participants venus de 40 pays africains.

Le pilier numéro 3 concentre les efforts sur les transports, la connectivité numérique et l’accès aux services essentiels. Le président Mamadi Doumbouya avait déjà évoqué cette orientation lors de la cérémonie d’ouverture du sommet, mercredi.

Simandou 2040 dépasse largement le simple projet minier éponyme en Guinée Conakry. Le programme structuré autour de cinq piliers couvre l’industrialisation, les infrastructures, l’économie verte, l’éducation et la santé. Il comprend 122 projets sur quinze ans. Le troisième volet vise à faire des technologies numériques un moteur de compétitivité nationale. L’objectif affiché ? Bâtir un socle technologique souverain avec des infrastructures renforcées, un cadre réglementaire actualisé et des services publics repensés.

La ministre Rose Pola Pricemou dirige les Postes, les Télécommunications et l’Économie numérique. Elle a détaillé les acquis récents lors de son intervention au Transform Africa Summit : « Nous avons bâti les fondations de cette transformation », a-t-elle déclaré selon les propos rapportés par Visionguinee.

Plus de 12 000 kilomètres de fibre optique parcourent désormais le territoire guinéen. Un Data Center Tier III héberge les données publiques, renforçant l’autonomie technologique du pays. Le nom de domaine national .GN a été rétabli.

La digitalisation de l’administration progresse. FUGAS gère les agents publics. TELEMO, plateforme des marchés publics, a démarré le 12 novembre grâce à un partenariat avec le Rwanda. Ces outils transforment progressivement les procédures administratives guinéennes. Ils permettent de gagner du temps, de réduire les coûts, d’améliorer la transparence. Enfin, ils modernisent les relations entre l’État et les citoyens.

Les Espaces Numériques se multiplient à travers le pays. Ces centres de formation préparent la jeunesse aux métiers du digital. Le projet GIGA a connecté plus de 500 établissements scolaires. Un technopôle national est en cours de conception.

En octobre 2025, un atelier organisé avec le PNUD a évalué l’écosystème national de l’intelligence artificielle. Cette évaluation servira de base à l’élaboration d’une stratégie nationale de l’IA. Bref, la Guinée multiplie les chantiers structurants.

Mamadi Doumbouya a déclaré mercredi lors de l’ouverture du TAS : « Innover localement, impacter globalement est un thème parfaitement aligné avec ma vision du programme de développement socio-économique durable et responsable pour les quinze prochaines années : Simandou 2040, notamment le pilier numéro 3 de ce programme, consacré aux nouvelles technologies pour améliorer le bien-être de nos populations. » Cette déclaration rapportée par Mediaguinee résume la vision guinéenne. Le chef de l’État veut que le pays devienne en 2040 une nation pleinement numérique où chaque école, chaque hôpital, chaque entreprise et chaque administration sera connectée.

Le financement du programme repose sur les revenus attendus du projet minier de Simandou. Ce gisement de fer, le plus grand non exploité au monde, a commencé sa production le 11 novembre. Les autorités estiment les rentrées fiscales entre 600 et 700 millions de dollars par an. Le FMI prévoit que ce seul projet pourrait accroître le PIB guinéen de 26 % à l’horizon 2030. Ces ressources alimenteront un fonds souverain destiné à financer les transformations prévues dans Simandou 2040.

La gouvernance du programme a été renforcée début novembre. Un décret présidentiel du 1er novembre a créé le Comité Stratégique de Suivi du Projet Simandou. Ce comité placé sous l’autorité directe du président doit veiller à l’application des accords contractuels et assurer l’alignement du projet sur la vision nationale. Une unité d’exécution opérationnelle composée de 150 experts sera mise en place. Elle aura pour mission d’assurer la coordination, le suivi rigoureux, l’identification des blocages.

Le calendrier prévoit trois phases. La première couvre 2025-2030 avec la mise en service du TransGuinéen, le port de Morebaya et la construction des infrastructures routières, énergétiques et numériques. L’investissement ciblé atteint 65 milliards de dollars. Les premières exportations de fer ont démarré en novembre 2025. La deuxième phase consolidera ces acquis. La troisième phase visera l’émergence complète du pays.

Le Transform Africa Summit offrait un écrin parfait pour cette annonce. L’événement rassemble des chefs d’État, des ministres, des investisseurs, des entrepreneurs et des innovateurs. Paul Kagamé, président rwandais et président du conseil d’administration de Smart Africa, assistait à la cérémonie. Lacina Koné, directeur général de Smart Africa, a salué les efforts guinéens. Le thème du sommet – « L’Intelligence Artificielle pour l’Afrique : innover localement, impacter globalement » – épouse parfaitement les ambitions du pilier 3.

Smart Africa regroupe 42 pays africains autour d’une vision commune : accélérer la transformation digitale du continent. Ses projets phares incluent One Africa Network, Smart Broadband 2025, le Blueprint africain sur l’IA et la Smart Africa Digital Academy. La Guinée ambitionne de devenir un hub régional de connectivité et une porte d’entrée vers un espace numérique ouest-africain intégré.

Des obstacles subsistent. Le coût d’Internet demeure élevé pour de nombreux Guinéens. Les infrastructures ne couvrent pas toutes les régions du pays. La cybersécurité pose question dans un environnement où les attaques contre les institutions publiques se multiplient. La formation d’une main-d’œuvre qualifiée prendra du temps. Il faudra produire annuellement des milliers de techniciens dans les métiers du numérique, de la logistique, des infrastructures.

Le gouvernement a validé en avril un projet de 7 millions de dollars pour étendre les services TIC à 700 sites supplémentaires. Des écoles, des hôpitaux, des administrations locales en bénéficieront. Conakry négocie par ailleurs un prêt de 150 millions de dollars auprès de la China Eximbank pour développer davantage son infrastructure Internet. Ces montants s’ajoutent aux 75 millions déjà investis dans l’infrastructure dorsale nationale qui connecte les grandes villes par fibre optique.

Le lancement du pilier 3 marque un moment symbolique. Il survient au lendemain du démarrage effectif de l’exploitation minière de Simandou. Deux événements, deux symboles. La Guinée passe du stade des promesses à celui de la réalisation concrète. Reste à voir si les quinze prochaines années confirmeront ces ambitions. Pour l’instant, Conakry affiche sa détermination et multiplie les signaux en direction des investisseurs, des partenaires techniques et de sa propre jeunesse.

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