Au Sénégal, le Premier ministre Ousmane Sonko a lancé un appel solennel aux syndicats, et de facto aux travailleurs lors d’une rencontre organisée ce jeudi 27 février 2025 au Grand théâtre de Dakar.
Concrètement, face aux représentants des différents secteurs d’activité du pays, le chef du gouvernement a demandé une trêve sociale.
Cette dernière aura pour but de permettre à l’exécutif de redresser la situation économique héritée de la précédente administration.
« Il faut mettre de côté pendant un temps les grèves et les manifestations dans la rue », a déclaré sans détours Ousmane Sonko.
Pourquoi une telle sortie d’Ousmane Sonko au Sénégal ?
Le chef du gouvernement craint visiblement que la multiplication des mouvements sociaux ne compromette les efforts de redressement engagés depuis l’arrivée au pouvoir de la nouvelle équipe en mars 2024.
« Personne ne souhaite la confrontation sociale parce que personne n’y gagne. Nous devons tous éviter de nous pousser mutuellement vers la radicalisation », a-t-il ajouté, privilégiant la voie du dialogue.
Il est à noter que cette main tendue intervient alors que les centrales syndicales menaçaient ces dernières semaines de décréter une grève générale.
Elles dénoncent des « licenciements massifs et abusifs » dans les entreprises et les services de l’État, mais pas que.
Elles se plaignent aussi de la fermeture de nombreuses structures économiques et des violations des droits des travailleurs depuis l’accession au pouvoir des nouvelles autorités qui avaient pourtant promis un « agenda de rupture ».
Les représentants syndicaux présents – issus notamment des secteurs de la santé, de l’éducation et des collectivités territoriales – ont profité de cette tribune pour rappeler leurs revendications : revalorisation salariale, amélioration des conditions de travail et lutte contre les licenciements abusifs.
Des doléances auxquelles le Premier ministre a répondu avec une franchise peu commune dans le monde politique.
« Même si on avait trouvé le pays dans une situation stable, on n’aurait pas pu satisfaire toutes vos revendications, encore moins dans la situation actuelle », a-t-il clairement indiqué.
Cette confrontation avec la réalité économique n’a pas empêché Ousmane Sonko de promettre un dialogue social « sincère » et « transparent » qui « se fera dans la vérité et la justice sociale » et devrait aboutir à un « pacte de dialogue social ». Une approche qui témoigne de la volonté du gouvernement de créer un climat de confiance avec les partenaires sociaux, tout en les associant aux défis économiques du moment.
La démarche d’Ousmane Sonko montre les difficultés rencontrées par les nouvelles autorités sénégalaises, prises entre les promesses de changement qui ont porté leur coalition au pouvoir et les contraintes d’une situation économique complexe.
Pour le Premier ministre, la priorité semble désormais être d’obtenir une période d’accalmie sociale pour mettre en œuvre les réformes annoncées durant la campagne électorale, tout en tentant de préserver le pouvoir d’achat des Sénégalais dans un contexte économique mondial incertain.