Au Sénégal, le premier ministre, Ousmane Sonko a bloqué l’aide judiciaire et les avocats sont monté au créneau. Cette décision rend difficile l’accès à la justice pour les plus démunis.
En effet, depuis plus de deux ans, l’État n’a pas réglé les honoraires des avocats commis d’office, engendrant une dette de plus de deux milliards de francs CFA. Cette situation alarmante menace directement l’aide judiciaire, un service essentiel pour ceux qui n’ont pas les moyens de se payer un avocat.
Depuis 2021, les versements de l’État au bureau de l’assistance judiciaire étaient déjà irréguliers, mais la situation s’est aggravée ces deux dernières années : plus aucun paiement n’a été effectué, laissant une dette colossale estimée entre 2 et 2,5 milliards de francs CFA.
Ousmane Thiam, secrétaire général adjoint de l’Ordre des avocats, a alerté : « Si l’aide judiciaire n’est pas honorée, le service public de la justice sera perturbé, surtout pour les détenus qui doivent être jugés en chambre criminelle. La présence d’un avocat est obligatoire. S’il n’y a pas d’avocat, il n’y a pas d’audience. »
Cependant, même avec ces difficultés, certains avocats continuent de plaider bénévolement, assumant les frais de déplacement et d’hébergement, comme le raconte Maître Étienne Ndione : « Il arrive que l’on se déplace. Moi, l’année dernière, je me suis déplacé à trois reprises parce que les affaires avaient été renvoyées pour plaider. Donc, une affaire dans laquelle j’ai été commis d’office avec d’autres confrères à Kaolack, j’ai payé mes frais d’hôtel et tout ça. Voilà, c’est un sacerdoce, une vocation ».
Les professionnels de la justice espèrent que les discussions avec les ministères de la Justice et des Finances permettront de débloquer l’aide judiciaire avant que des citoyens ne se retrouvent privés de défense.