Au Sénégal, les autorités intensifient leur lutte contre l’exploitation illégale de l’or, surtout dans l’est du pays.
En une année, 66 sites clandestins d’orpaillage ont en effet été démantelés dans les régions de Kédougou et Tambacounda.
Le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité publique, le général Jean-Baptiste Tine, s’est rendu à Saraya le 24 juin 2025 pour constater les dégâts causés par l’orpaillage traditionnel.
L’orpaillage désigne l’extraction artisanale d’or, souvent pratiquée sans autorisation ni respect des normes environnementales. Le ministre a exprimé sa vive préoccupation face aux dommages environnementaux observés le long de la Falémé, un fleuve important de la région.
Ces démantèlements s’appuient sur le décret n°2024-1402 du 31 juillet 2024 qui interdit toute activité minière dans un rayon de 500 mètres autour du fleuve.
La mesure vise à protéger les cours d’eau de la pollution causée par les produits chimiques utilisés dans l’extraction d’or. Les Forces de défense et de sécurité (FDS) mènent conjointement ces opérations de démantèlement.
L’intensification des opérations se poursuit avec des résultats impressionnants. En mai 2025 seulement, 43 sites illégaux supplémentaires ont été démantelés lors de l’Opération orientale 1. L’opération militaire cible les localités frontalières comme Bougouda, Bantanko, Fagoudou, Moussala, Moura et Saraya. La Zone militaire n°4 coordonne ces interventions sur le terrain.
Les forces armées sénégalaises ont également procédé à de nombreuses arrestations et saisies. Au total, 47 individus ont été interpellés pendant ces opérations.
Les autorités ont saisi 77 motopompes, motos et groupes électrogènes utilisés dans l’exploitation illégale. Ces équipements ont ensuite été remis à la Gendarmerie nationale pour les suites judiciaires.
Cette répression de l’exploitation illégale de l’or répond à un enjeu économique pour le Sénégal. Le secteur extractif a généré 236,59 milliards de francs CFA de revenus au premier semestre 2024, selon le rapport de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives (ITIE).
L’or représente à lui seul plus de 65% des revenus miniers du pays, soit 137,22 milliards de francs CFA d’exportations en six mois.
Pourtant, une partie importante de la production aurifère échappe au contrôle de l’État. L’ONG SWISSAID estime que jusqu’à 41 tonnes d’or auraient quitté illégalement le Sénégal entre 2013 et 2022. Cet or de contrebande transite par le Mali avant de rejoindre les Émirats arabes unis. Cette fuite représente un manque à gagner considérable pour les finances publiques sénégalaises.
Les conséquences environnementales de l’orpaillage illégal préoccupent particulièrement les autorités. Le ministre Tine a alerté sur la persistance de la pollution au cyanure, au plomb et au zinc dans les zones d’exploitation. Ces substances chimiques toxiques contaminent les sols et les cours d’eau, menaçant la santé des populations locales et la biodiversité.
Le ministre reconnaît cependant que les moyens actuels de surveillance restent insuffisants face à l’ampleur du problème. Il préconise d’élargir la zone d’interdiction autour des cours d’eau. Les forces sur le terrain ont également besoin de capacités technologiques renforcées pour améliorer leur efficacité.