Le gouvernement du Sénégal a annoncé le 31 décembre 2024 avoir alloué 7,6 millions euros (près de 5 milliards de Fcfa) pour indemniser les victimes des violences politiques dans ce pays entre 2021 et 2024, des faits ayant causé des dizaines de morts et couverts par une loi d’amnistie que les autorités prévoient d’abroger.
Ces cinq milliards de FCFA (7,6 millions d’euros) « sont destinés à soutenir les ex-détenus et autres victimes de la violence préélectorale allant du 1er février 2021 au 25 février 2024« , indique un communiqué du gouvernement sénégalais.
La répartition se fera suivant des critères proposés par un comité interministériel, qui n’ont pas été précisés, tout comme le nombre total et le profil des bénéficiaires.
Mais 112 cas d' »extrême urgence » concernant des « blessés et traumatismes graves » ont déjà été pris en charge par un fonds de solidarité gouvernemental « sur la base de justificatifs« , précise le communiqué.
Le Premier ministre Ousmane Sonko a annoncé le 27 décembre que son gouvernement déposerait un projet pour abroger la loi d’amnistie couvrant les faits relatifs à ces violences politiques entre 2021 et 2024.
Cette loi avait été votée en mars dernier à l’initiative de l’ex-président Macky Sall et avant le scrutin présidentiel ayant conduit fin mars à l’élection du président Bassirou Diomaye Faye.
Elu en 2012 et réélu en 2019, Macky Sall avait entretenu en 2024 le flou sur sa volonté de briguer un troisième mandat. L’hypothèse de sa candidature avait rencontré une forte opposition au nom du respect de la Constitution sénégalaise.
Le Sénégal a ainsi connu depuis 2021 des épisodes de troubles meurtriers provoqués par ce bras de fer entre l’ancien opposant Ousmane Sonko, aujourd’hui Premier ministre, et l’ex-pouvoir, conjugué au flou maintenu par M. Sall sur un troisième mandat et aux tensions sociales.
Des dizaines de personnes ont été tuées et des centaines arrêtées.
M. Sonko a aussi été visé, à partir de février 2021, par des accusations de viols dont le traitement judiciaire a provoqué des émeutes meurtrières.
Cette amnistie, destinée à la décrispation à l’approche de la présidentielle de mars 2024, avait permis de faire sortir de prison des centaines de personnes écrouées, dont MM. Faye et Sonko.
Avec AFP