Le ministre des Finances du Sénégal, Cheikh Diba, a révélé devant le Parlement le 28 novembre les réserves du Fonds Monétaire International (FMI) concernant les besoins financiers du pays.
L’institution de Washington exprime ses doutes. Le pays réclame 6 000 milliards de francs CFA par an, soit environ 10,6 milliards de dollars, pour couvrir ses dépenses courantes et assurer le remboursement de sa dette. Un montant que le FMI juge difficilement soutenable.
« Le FMI estime que nous ne pouvons pas garantir cela sur l’horizon de viabilité de la dette », a déclaré le ministre devant les députés, selon Reuters. Cette sortie publique intervient alors que Dakar négocie un nouveau programme de financement avec l’institution internationale. Le précédent accord, d’un montant de 1,8 milliard de dollars, demeure suspendu depuis octobre 2024.
La situation actuelle découle directement des révélations faites en septembre 2024 par le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye. Le FMI a confirmé qu’environ 7 milliards de dollars de dette avaient été dissimulés entre 2019 et 2024, faisant passer le ratio dette sur PIB de 70 % à près de 100 %. Cette découverte a provoqué un choc sur les marchés financiers. Les agences de notation ont dégradé la note souveraine du pays. Les obligations internationales sénégalaises ont chuté.
Bref, la confiance s’est effondrée. Les investisseurs observent désormais chaque mouvement de Dakar avec méfiance. Le coût des emprunts s’est envolé, contraignant les autorités à contracter des prêts commerciaux à court terme particulièrement onéreux. Les marges de liquidité se sont réduites comme peau de chagrin.
Face à cette impasse, le gouvernement propose une stratégie de refinancement. L’objectif consiste à remplacer les dettes problématiques par des financements aux conditions acceptables et aux échéances allongées.
« Lorsque nous remplaçons cette dette par des conditions plus acceptables et des maturités plus longues, nous créons un espace budgétaire », a expliqué Cheikh Diba. Cette opération devrait, selon les estimations officielles, dégager plus de 500 milliards de francs CFA de marge de manœuvre pour 2025.
Néanmoins, l’exécutif sénégalais refuse de baisser les bras. Dakar maintient sa position : les 6 000 milliards annuels sont nécessaires et restent atteignables. Les autorités misent sur la production d’hydrocarbures, lancée en décembre 2024, pour transformer les perspectives économiques. La croissance économique, projetée à 7,1 % en 2024 puis à 10,1 % en 2025 selon le ministère des Finances, constitue l’atout principal du pays dans ces négociations.
Enfin, le dossier se joue à plusieurs niveaux. Le FMI réclame des garanties sur la transparence des comptes publics et l’adoption de mécanismes empêchant toute nouvelle dissimulation. L’institution demande également une réduction des subventions énergétiques, qui représentent plus de 4 % du PIB. Ces conditions pèsent lourd dans la balance. Le Conseil d’administration du FMI doit trancher prochainement sur l’octroi d’une dérogation ou l’exigence d’un remboursement immédiat des fonds déjà décaissés, soit environ 770 millions de dollars.
Les discussions se poursuivent entre Dakar et Washington. Le Premier ministre Ousmane Sonko a récemment affirmé que le FMI suggérait une restructuration de la dette, mais que le Sénégal s’y opposait fermement. Le pays cherche un équilibre difficile : restaurer la confiance des partenaires financiers tout en préservant ses ambitions de développement. La partie s’annonce serrée.