Sénégal : Le FMI attendu dans le pays sur fond de tension budgétaire majeure

Sénégal : Le FMI attendu dans le pays sur fond de tension budgétaire majeure

Crédit Photo : NDARINFO.COM

Depuis quelques mois, les relations entre le FMI et le Sénégal sont tendues.

Lorsque les experts du Fonds monétaire international ont quitté Dakar le 26 mars 2025, après une mission de huit jours dirigée par Edward Gemayel, ils ne s’attendaient probablement pas à revenir si tôt.

 Mais entre-temps, un rapport de la Cour des comptes, rendu public le 12 février 2025, a bouleversé les fondements budgétaires du pays. Il révélait un écart considérable entre les données officiellement communiquées et la réalité des finances publiques, avec un déficit 2023 revu à la hausse de plus de 5,6 points de PIB. Plus alarmant encore, la dette publique a été réévaluée à près de 99,7 % du PIB, un niveau inédit pour le Sénégal.

Ce diagnostic a mis en lumière des pratiques de dissimulation comptable qui ont ébranlé la crédibilité du pays auprès de ses partenaires techniques et financiers. Les conséquences ont été immédiates : gel du programme en cours, suspension d’un prêt de plus de 1,8 milliard de dollars, et hausse des exigences en matière de transparence financière.

Une mission à haut risque politique et financier

Le retour d’une délégation du FMI à Dakar, annoncé pour fin août 2025, n’est donc pas une simple visite de suivi. L’objectif est de réengager les discussions sur la dette cachée et de déterminer s’il est possible de reconstruire un nouveau programme de financement, basé cette fois sur des engagements vérifiables et des données certifiées. Ce processus impliquera des négociations complexes autour des critères de gouvernance, de l’accès aux données et des réformes à mettre en œuvre dans les plus brefs délais.

La mission aura notamment pour tâche de présenter formellement au Conseil d’administration du FMI la nature et l’étendue des erreurs déclaratives observées dans les exercices précédents. De cette présentation dépendra la possibilité d’obtenir un waiver, c’est-à-dire une dispense de sanction pour inexactitudes passées, sans quoi toute forme de financement resterait bloquée.

Les discussions devraient également aborder la refonte des outils de suivi budgétaire et l’introduction de mécanismes de contrôle indépendants, afin d’éviter toute récidive. Les représentants du FMI s’attendent à ce que le gouvernement apporte des preuves tangibles de sa volonté de corriger le tir, à commencer par des mesures d’austérité ciblées et une réforme du cadre statistique.

L’économie en attente de respiration

Pour le Sénégal, cette mission représente un moment de vérité économique. Sans programme validé par le FMI, l’accès aux marchés financiers internationaux se complique, les taux d’emprunt augmentent et les décaissements des autres bailleurs de fonds restent conditionnés. Le contexte est d’autant plus tendu que le pays entre dans une phase de transition stratégique : premiers revenus pétroliers attendus, relance de projets d’infrastructure, et anticipation de besoins sociaux croissants dans les mois à venir.

Les autorités sénégalaises sont donc confrontées à un double défi : restaurer la confiance à l’extérieur, tout en préservant la stabilité politique et sociale à l’intérieur. Le succès de la mission du FMI pourrait offrir un répit précieux, débloquant des lignes de crédit et renforçant les marges de manœuvre budgétaires. À défaut, le pays risquerait de s’enfoncer dans un cycle de sous-financement, accentuant les tensions économiques déjà perceptibles.

Alors que Dakar se prépare à accueillir cette délégation cruciale, les regards sont tournés vers le ministère des Finances et la Banque centrale. La transparence, longtemps reléguée au second plan, pourrait redevenir la condition de survie budgétaire.

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