A Ziguinchor, les agents de l’Antenne régionale de la Division nationale de lutte contre le trafic de migrants ont mis la main sur un suspect au poste de Cantenne.
Sur l’axe MPACK, un contrôle de routine allait devenir le point de départ d’une affaire bien plus vaste que prévu.
Dans la poche de l’homme : deux pièces d’identité. L’une sénégalaise, l’autre guinéenne. Même photo, mais deux identités incompatibles.
Les agents flairent immédiatement la supercherie. Très vite, les vérifications confirment leurs soupçons : la pièce guinéenne est authentique, mais la sénégalaise est un faux soigneusement monté.
Face aux enquêteurs, le suspect avoue. Le document sénégalais, explique-t-il, a été fabriqué à partir d’un acte d’état civil irrégulier obtenu à Guédiawaye grâce à un intermédiaire moyennant 60 000 francs CFA. Le même homme lui aurait aussi fourni un faux certificat de nationalité pour 80 000 francs CFA.
Les enquêteurs alertent Dakar. Une réquisition est envoyée, un nom apparaît… et le deuxième suspect tombe.
Interrogé, il reconnaît partiellement les faits : oui, il a fabriqué un faux certificat de nationalité, payé 10 000 francs CFA.
Pour le reste, il accuse un complice, un ancien agent de la mairie de Boune, qui travaillait main dans la main avec un employé de la mairie de Guédiawaye.
Mais l’affaire prend une toute autre dimension lorsque les policiers fouillent son téléphone. Ils y trouvent des preuves accablantes : 87 copies de pièces d’identité, une cinquantaine d’extraits de naissance, une centaine de bulletins, des CNI sénégalaises et guinéennes, des procurations de mariage, des certificats vierges… Toute une industrie de faux documents administratifs fabriqués depuis plusieurs mairies de la région.
Mis devant les preuves, le suspect finit par avouer : il ne travaillait pas seul. Une véritable chaîne de faussaires opérait avec la complicité de plusieurs agents municipaux.
Le troisième suspect, lui, s’enfonce dans les contradictions. Lors de son arrestation, il détient un stock impressionnant de documents falsifiés. Il se défend maladroitement, affirmant les avoir conservés par erreur après son licenciement de la mairie de Boune. Il nie connaître le premier interpellé et rejette toute responsabilité.
Pour les enquêteurs, l’affaire ne fait que commencer. Derrière ces trois hommes, c’est un réseau organisé, méthodique, bien implanté, qui semble s’être spécialisé dans la fabrication de fausses identités à grande échelle.
Les investigations se poursuivent, et la police sénégalaise reste en état d’alerte maximale. Elle invite d’ailleurs la population à signaler toute information utile au numéro gratuit 800 00 17 00.
Dans les coulisses, l’étau continue de se resserrer.