Sénégal / Fonds d’appui à la presse : asphyxie pour les médias ?

Président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye

Credit Photo : X / Présidence du Sénégal

Au Sénégal, le gouvernement vient d’allouer 4 milliards FCFA au fonds d’appui à la presse. Cette augmentation de plus de 2 milliards de FCFA est grandement appréciée par les acteurs de l’univers médiatique.

Pour bénéficier de ce fond, il faut remplir les conditions du ministère de la communication. Les médias ont été vivement encouragés à s’enregistrer par une campagne sur la plateforme « Déclaration Médias Sénégal » en août 2024.

Le mardi 3 décembre 2024, le ministère de la Communication a publié la liste provisoire des médias autorisés dans le pays. Sur les 380 dossiers fournis, seuls, 112 sont autorisés à diffuser alors qu’ils étaient 534 en 2023.

Parmi les dossiers retenus, se trouvent 10 chaînes de TV, 14 journaux, 17 radios, 10 radios communautaires, 6 Web TV et 54 médias de presse en ligne. En 2023, plus de 500 médias avaient bénéficié du Fonds d’appuis du développement de la presse.

Cette diminution ne plaît pas à tout le monde. Ceux qui ne figurent pas sur la liste des retenues dénoncent un plan d’asphyxie de la presse par les nouvelles autorités.

Une décision amère pour certains

Néanmoins, les médias recalés ont encore jusqu’à vendredi 6 décembre 2024 pour se mettre en conformité avec le Code de la presse et redéposer leur dossier. Le fonds ne parviendra qu’aux médias autorisés et les autres seront interdit d’impression ou de diffusion.

L’opposant Bougane Gueye Dany, propriétaire du groupe D Medi dont la radio Zikfm et la chaîne Sen TV ont été recalées dénonce des « enfantillages », une manœuvre « vicieuse et petite » du ministère de la communication et affirme que le nouveau régime veut faire fermer son groupe.

De même, le journal Le Quotidien de Madiambal Diagne, ne fait pas partie de la liste. Ce dernier est de l’opposition également. Le doute plane entre coïncidence et machination dans la sphère médiatique.

Saliou Diagne trouve qu’ « il y a une sélection des médias et ces dispositifs sont faits pour asphyxier la presse ». Mais qu’ « il va tout de même déposer une nouvelle demande sur la plateforme en ligne ».

Les autorités sénégalaises affirment que cet enregistrement est nécessaire pour assainir le secteur et rationaliser l’octroi des aides. Quels sont les critères de sélection ? Comment les autorités justifient-elles que plusieurs médias de l’opposition soient absents de la liste ? Nous y reviendrons.