Le Sénégal, sous l’impulsion de Bassirou Diomaye Faye, a pris une décision radicale pour faire face à la pression financière.
En effet, confronté à une perte de confiance des marchés financiers et à la dégradation de sa note souveraine, le Sénégal a entrepris une révision de la méthode de calcul de son produit intérieur brut (PIB).
Cette initiative, bien qu’elle soit une pratique courante à l’échelle internationale, a suscité autant d’espoirs que de réserves. Elle a permis d’ouvrir un nouveau chantier économique, porteur de promesses de redressement, mais aussi de prudence, tant les attentes sont fortes et les incertitudes nombreuses.
Dans cette dynamique, le Sénégal a activé un levier technique au fort potentiel symbolique et stratégique, déjà mobilisé par plusieurs pays africains pour soigner leur image macroéconomique. Ce choix, bien que relevant d’un ajustement comptable, s’inscrit dans une logique politique assumée.
En actualisant l’année de référence utilisée pour calculer le PIB, les autorités sénégalaises ne se contentent pas d’une mise à jour méthodologique : elles redéployent une stratégie d’influence économique.
L’annonce en a été faite mardi 15 juillet 2025, par le ministère des Finances, dans un climat encore marqué par les conséquences d’une affaire retentissante datant de 2023, lorsque la découverte de dettes non déclarées, chiffrées à plusieurs milliards de dollars, avait poussé le FMI à suspendre ses financements et provoqué une dégringolade des titres souverains sur les marchés.
Cette refonte statistique a ainsi pour ambition de refléter plus fidèlement la réalité économique du pays et d’améliorer ses indicateurs clés. En intégrant des secteurs jusque-là marginalisés ou nouvellement émergents, les autorités espèrent réduire mécaniquement le ratio dette/PIB, un signal jugé décisif par les investisseurs internationaux et les agences de notation.
« Loin d’être une innovation, cette révision statistique est un mécanisme déjà utilisé ailleurs en Afrique avec des effets parfois significatifs. Le cas emblématique reste celui du Nigéria, qui, en 2014, avait changé son année de base de 1990 à 2010. Conséquence, son PIB avait bondi de 89%, le propulsant au rang de première économie africaine, devant l’Afrique du Sud », a rapporté sika finance.
« Le Ghana, de son côté, avait effectué une révision similaire en 2010, qui s’était traduite par une hausse de 60% de son PIB. En Zambie, en Tanzanie ou encore en Éthiopie, ce type d’exercice a également permis de reconfigurer les indicateurs macroéconomiques sans modifier la réalité du terrain », a ajouté le même média.
Dans cette perspective, il ne s’agit pas d’un jeu de comptabilité, mais d’une mise à jour méthodologique destinée à mieux refléter les dynamiques réelles de l’économie sénégalaise.
Plusieurs expériences similaires à travers le continent l’ont démontré : le changement d’année de base pour le calcul du PIB permet d’intégrer les profondes mutations structurelles, telles que la montée en puissance des services, l’essor du numérique, le poids de l’économie informelle ou encore le développement des secteurs extractifs.
Par ailleurs, cette démarche semble également répondre à une conjoncture financière particulièrement tendue. La récente décision de l’agence Standard & Poor’s de revoir à la baisse la note souveraine du Sénégal, en raison d’un ratio dette/PIB approchant les 120 %, a sans doute précipité la sortie officielle du gouvernement. Bien que présentée comme un travail amorcé depuis plusieurs mois, la révision du PIB s’impose désormais comme un instrument stratégique à double portée : redonner confiance aux bailleurs de fonds et rétablir un certain équilibre dans les indicateurs économiques.
Les marchés, de leur côté, n’ont pas tardé à réagir. Les obligations sénégalaises arrivant à échéance en 2033 ont enregistré une hausse de 1,6 centime, atteignant 66 centimes par dollar. Une embellie certes appréciée, mais qui reste encore insuffisante pour parler de véritable stabilité retrouvée.
Toutefois, cette démarche a également suscité des réserves parmi plusieurs analystes, qui y ont vu une amélioration de façade. “Cela embellira le ratio dette/PIB mais les besoins bruts de financement resteront élevés.” En d’autres termes, cette opération a pu redorer la présentation extérieure, sans pour autant modifier les réalités économiques sous-jacentes.
La question essentielle a donc porté sur la soutenabilité de la dette à long terme, ainsi que sur la capacité de l’État sénégalais à mobiliser durablement des recettes budgétaires et des devises. “Un PIB plus élevé est indéniablement positif pour les indicateurs de solvabilité, mais cela ne dispense pas d’une politique rigoureuse sur les dépenses, les recettes et la gestion de la dette”, ont-ils renchéri.
Par ailleurs, ce recours à la révision du PIB est intervenu dans un moment critique, au croisement de fortes tensions politiques, de besoins de financement considérables et d’un environnement international plus incertain. Même si la mesure a été justifiée sur le plan technique, elle n’a pas remplacé l’exigence d’une réforme en profondeur de la transparence budgétaire.
Le FMI, de son côté, a pris acte de l’initiative mais a exigé davantage de clarté. L’institution a attendu des précisions sur l’étendue des dettes non déclarées et sur les failles du dispositif de déclaration. Ce n’est qu’à la lumière de ces réponses qu’un éventuel réengagement serait susceptible d’être envisagé.
La décision du Sénégal de réviser la base de calcul de son PIB, sous la gouvernance du président Bassirou Diomaye Faye, a constitué un signal fort adressé aux marchés et aux partenaires internationaux.
Si cette opération a permis de redonner un peu d’oxygène aux indicateurs macroéconomiques, elle n’a pas suffi à dissiper les doutes sur la santé réelle des finances publiques. Entre exigence de transparence, rigueur budgétaire et nécessité de restaurer la confiance, le pays se trouve à un tournant décisif.
L’enjeu désormais ne réside plus seulement dans l’ajustement des chiffres, mais dans la refondation d’un cadre économique crédible, capable de soutenir les ambitions de rupture portées par le nouveau pouvoir.