Le Président du Sénégal, Bassirou Diomaye Faye, a reçu Ilan Cockerill, patron d’Endeavour Mining Group, ce lundi 17 novembre 2025 au Palais présidentiel. Le patron de la société mionière est venu parler investissements. Des investissements substantiels. Le président a écouté attentivement les projets du groupe minier pour les années à venir. Parmi les annonces, une usine dédiée au traitement des minerais réfractaires. La douzième installation du genre dans le monde. Une technologie rare qui permettra de valoriser sur place des ressources auparavant inexploitables.
Les discussions ont également porté sur le renforcement des opérations à Sabodola-Massawa. Endeavour Mining envisage de nouveaux investissements dans la production d’électricité. Le groupe veut renforcer son autonomie énergétique. En présence du ministre de l’Énergie, du Pétrole et des Mines, Birame Souleyr Diop, les deux hommes ont évoqué les besoins en infrastructures pour soutenir la croissance du secteur aurifère. Bref, l’ambition est affichée.
Une contribution économique en progression
Le groupe canadien fait partie des acteurs dominants de l’extraction aurifère au Sénégal. Les chiffres de 2024 en attestent. Endeavour Mining a contribué à hauteur de 331 milliards de francs CFA à l’économie nationale, contre 275 milliards deux ans plus tôt. La hausse du cours de l’or explique en partie cette progression. Mais aussi l’expansion des opérations et les investissements locaux réalisés par la compagnie.
La répartition de cette contribution révèle une présence multiforme. L’État a perçu 128 milliards de francs CFA au titre des impôts, taxes et dividendes. Les fournisseurs nationaux ont capté 159 milliards grâce aux achats de biens et services. Les salaires et prestations sociales ont atteint 45 milliards pour les 2 000 employés, dont 95 % sont sénégalais. Le directeur fiscal du groupe, Matthieu Calame, a détaillé ces montants lors du Salon International des Mines qui s’est tenu début novembre à Diamniadio.
Depuis 2009, le complexe Sabodola-Massawa a extrait près de 120 tonnes d’or. Quatre millions d’onces. En 2024, la mine a produit 6,5 tonnes sur les 10 tonnes d’or extraites au Sénégal, soit 64 % de la production nationale. Les réserves actuelles s’élèvent à 3,5 millions d’onces. De quoi maintenir l’exploitation jusqu’en 2035, selon Aziz Sy, vice-président des affaires publiques pour le Sénégal, la Guinée et le Mali.
Des investissements d’Endeavour Mining dans les technologies propres au Sénégal
Endeavour Mining a engagé 210 milliards de francs CFA dans une unité de bio-oxydation en 2024. La septième au monde. Cette technologie permet de traiter les minerais réfractaires tout en réduisant l’empreinte carbone des opérations. Une centrale solaire a été installée pour compléter l’approvisionnement en électricité. Le groupe affirme vouloir transformer la richesse minière en opportunités durables pour les communautés locales.
La compagnie multiplie les actions à impact social par le biais de sa fondation. La dernière en date : une unité de traitement des déchets plastiques à Kédougou. Coût de l’installation : 28 millions de francs CFA, certaines sources parlent de 20 millions. Enfin, peu importe. L’installation a été construite en partenariat avec un entrepreneur local formé et équipé par la société minière.
Le groupe verse chaque année 0,85 % de son chiffre d’affaires au fonds d’appui au développement local. Il finance par ailleurs environ 2 millions de dollars de projets communautaires annuellement. La compagnie affirme privilégier le contenu local : 80 % des biens et services utilisés proviennent d’entreprises sénégalaises. Plus de 60 % des employés sont originaires de la région de Kédougou.
Endeavour Mining opère cinq mines en Afrique de l’Ouest. Deux au Burkina Faso, deux en Côte d’Ivoire, une au Sénégal. Le groupe produit actuellement entre 1,11 et 1,26 million d’onces d’or par an. Le contexte politique ouest-africain reste toutefois source d’inquiétudes pour les investisseurs. Plusieurs pays révisent leurs codes miniers pour obtenir une part plus large des revenus tirés de l’extraction. Les taux de redevances font l’objet de négociations dans plusieurs capitales.
Le président-directeur général, Ian Cockerill, l’a dit clairement lors d’une présentation récente : « Nous voyons toujours du potentiel en Afrique de l’Ouest. Nous devons simplement aller le chercher. Nous ne quittons certainement pas la région. » Au Sénégal, la convention minière de Sabodola-Massawa s’étend jusqu’en 2040. Une visibilité rare dans un secteur où l’instabilité réglementaire inquiète les groupes miniers. Pour le projet Assafou en Côte d’Ivoire, Endeavour attend encore la signature d’une convention avec les autorités ivoiriennes avant de lancer la production.