Arborant une casquette noire et serrant la main de ses fans, Khalifa Sall, l’un des principaux prétendants à l’élection présidentielle retardée au Sénégal, a rassemblé ses partisans dans un quartier populaire de la capitale Dakar.
L’ancien maire de la capitale côtière du Sénégal s’est dit déterminé à poursuivre sa campagne malgré l’incertitude entourant la nouvelle date des élections.
Les cris de « Nous voulons Khalifa » ont résonné dans la foule de centaines de personnes rassemblées dans une ruelle pavée de Hann-Bel Air, fief de l’ancien maire – qui n’a aucun lien de parenté avec le président sortant Macky Sall.
« Nous sommes en campagne depuis le 4 février et le processus électoral se poursuit », a déclaré Khalifa Sall à la foule.
« Politiquement et juridiquement, nous avons tout à fait le droit de faire campagne », a-t-il ajouté, évoluant au rythme des vuvuzelas, entouré de T-shirts et de ballons de campagne.
Le Sénégal devait voter le 25 février, jusqu’à ce que le président Sall annonce un report quelques heures seulement avant le début de la campagne.
Cette décision a plongé ce pays d’Afrique de l’Ouest traditionnellement stable dans sa pire crise politique depuis des décennies et a déclenché des troubles au cours desquels trois personnes ont été tuées.
La semaine dernière, le Conseil constitutionnel a annulé le report du vote et a appelé le président Sall à organiser le scrutin « dans les plus brefs délais ».
Cependant, la question de savoir si les élections seront organisées avant que Sall ne quitte officiellement ses fonctions le 2 avril reste ouverte.
Dix-neuf des 20 candidats initiaux restent en lice après qu’une candidate ait retiré son nom.
Khalifa Sall, 68 ans, se présente pour la première fois à la présidence après avoir été exclu des élections de 2019 en raison d’une condamnation qui l’a conduit en prison.
L’ancien député, enseignant de formation et élu deux fois maire de Dakar en 2009 et 2014, a été reconnu coupable d’avoir détourné 2,5 millions d’euros (2,7 millions de dollars) des caisses de la ville.
Après avoir été initialement arrêté en 2017, Sall a été condamné à cinq ans de prison en 2018 et a été démis de ses fonctions de maire.
L’homme idéal pour construire le Sénégal
Sall, qui a toujours clamé son innocence et affirme avoir été piégé, a obtenu sa liberté en 2019 suite à une grâce présidentielle.
Son programme de campagne pour les élections de 2024 promet « un Sénégal inclusif et prospère dans un cadre de développement durable ».
Il a déclaré qu’il avait l’intention d’investir dans un développement basé sur les populations, y compris « une gestion responsable de l’eau et une répartition équitable des terres », dans un pays où plus de la moitié de la population vit de l’agriculture.
« Les espoirs des paysans, des pêcheurs et des agriculteurs », a crié une personne à la foule massée à Hann-Bel Air, point de départ d’une marche dans les ruelles du quartier.
Sall a parlé aux habitants et aux militants locaux tout en parcourant les stands, les ateliers et les maisons du quartier.
« C’est l’homme qu’il faut pour construire le Sénégal. Il a bien travaillé lorsqu’il était maire de Dakar et il a de l’expérience », a déclaré à l’AFP une femme au foyer de 40 ans.
« Il avait l’habitude de donner du lait et des uniformes aux écoliers. Tout cela a disparu lorsqu’il a quitté la mairie », a-t-elle ajouté.
Mais le vendeur ambulant Papis Seck, 22 ans, a déclaré qu’il préférait placer ses espoirs dans l’opposant emprisonné Ousmane Sonko, qualifiant ce brandon de « notre seul espoir ».
Il a déclaré qu’il voterait pour le numéro deux de Sonko, Bassirou Diomaye Faye, qui est candidat aux élections bien qu’il soit également en prison.
Niakhana Ndao, une restauratrice de 50 ans, a salué les « nombreuses réalisations » du président sortant au cours de son mandat et a déclaré qu’elle voterait pour le candidat de son camp, l’actuel Premier ministre Amadou Ba.
Les forces de sécurité ne sont pas intervenues lors de la marche de lundi.
Mais des images diffusées sur les réseaux sociaux semblent montrer mardi l’utilisation de gaz lacrymogènes pour disperser une foule près du cortège de Khalifa Sall, dans le quartier de Yoff à Dakar.
©AVEC AFP
Suivez-nous via notre canal Telegram pour ne rien rater de l’actualité.