Sénégal : des propos de l’ambassadrice de France passent mal

Crédit photo : LinkedIn

Des propos de l’ambassadrice de France à Dakar concernant un patron de presse sénégalais, poursuivi dans son pays pour des transactions financières suspectes et réfugié en France, n’ont pas plu au gouvernement sénégalais qui a estimé lundi 15 décembre qu’ils peuvent être perçus comme « une forme d’ingérence ».

Le Sénégal accuse la France de refuser l’extradition de deux de ses ressortissants réfugiés en France dont le patron de presse Madiambal Diagne, critique des autorités de Dakar, et un homme d’affaires.

Les autorités sénégalaises leur impute « des faits graves de corruption et de détournement de deniers publics », dans un communiqué publié lundi.

« M. Madiambal (Diagne) est poursuivi pour des faits délictuels et non criminels. C’est une énorme différence (avec) nos demandes d’extradition qui portent principalement sur des crimes de sang ou des trafics en lien avec la criminalité internationale », a déclaré dimanche l’ambassadrice de France au Sénégal, Christine Fages, dans une interview avec la radio publique sénégalaise RTS.

« L’attitude de l’ambassadrice de France, qui semble relativiser la gravité des faits de corruption et de détournement de deniers publics reprochés à deux ressortissants sénégalais ayant trouvé refuge en France, pourrait être perçue comme un jugement de valeur regrettable », a dit le ministère sénégalais de la Justice dans un communiqué publié lundi.

« Une telle posture est susceptible de remettre en cause les principes universels de bonne gouvernance et de transparence et pourrait être interprétée comme une forme d’ingérence dans une affaire que les autorités sénégalaises considèrent, à juste titre, comme d’une importance majeure », ajoute le communiqué.

« La justice sénégalaise s’emploiera à transmettre à nouveau (à la justice française) les informations requises (pour l’extradition des deux personnes concernées) bien que celles-ci aient été déjà officiellement communiqués », poursuit le texte.

Le 25 novembre, la justice française a reporté à février sa décision sur la demande d’extradition de Madiambal Diagne, ordonnant un « supplément d’information », notamment sur « la procédure et le régime juridique applicable au Sénégal ».

Mais le 11 novembre, le Sénégal a annoncé suspendre de toute extradition vers la France, accusant Paris de refuser ses demandes d’extradition.

L’ambassadrice de France Mme Fages a indiqué dimanche qu' »à ce stade, personne (en France) n’a à refuser l’extradition »

Elle a affirmé que le dossier des deux personnes concernées « est devant la justice » française qui « est indépendante » et par conséquent, « sans la décision de justice, il n’y a aucun moyen (pour l’Etat français) d’exécuter une décision d’extradition. Il faut attendre que la cour d’appel de Versailles (région parisienne) décide du sort de Madiambal (Diagne) comme elle décidera du sort de l’autre ressortissant sénégalais », a-t-elle dit.

Avec AFP

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