Dans un geste audacieux qui marque une escalade dans la crise politique sénégalaise, le président Bassirou Diomaye Faye a pris la décision de limoger les présidents du Conseil Économique, Social et Environnemental (CESE) et du Haut Conseil des Collectivités Territoriales (HCCT).
Cette décision intervient au lendemain du rejet par l’Assemblée nationale d’un projet de loi visant à supprimer ces deux institutions.
Malgré son déplacement en Chine pour le Forum de coopération sino-africaine, Bassirou Diomaye Faye a officialisé ces limogeages par décret le 4 septembre 2024. Aminata Mbengue Ndiaye et Abdoulaye Daouda Diallo, respectivement à la tête du HCCT et du CESE, ont ainsi été démis de leurs fonctions, comme l’a annoncé Oumar Samba BA, Secrétaire général de la présidence.
Cette décision présidentielle s’inscrit dans un contexte de tensions croissantes entre le nouveau pouvoir et l’Assemblée nationale, toujours dominée par la coalition Benno Bokk Yakaar (BBY), ancienne majorité au pouvoir.
Le 2 septembre, les députés avaient rejeté le projet de loi du président Faye visant à supprimer le CESE et le HCCT, considérés par la nouvelle administration comme des institutions coûteuses et peu efficaces.
La riposte de l’opposition ne s’est pas fait attendre. Abdou Mbow, président du groupe parlementaire BBY, a déposé une motion de censure contre le gouvernement d’Ousmane Sonko, Premier ministre et leader de Pastef. Ce dernier a rapidement réagi en affirmant qu’une telle motion n’aboutirait pas.
Face à cette impasse, le président Faye a convoqué une session extraordinaire de l’Assemblée nationale pour le 5 septembre. L’ordre du jour comprend l’examen de plusieurs projets de loi, dont celui relatif à la Commission nationale des Droits de l’Homme, ainsi qu’une déclaration de politique générale du Premier ministre Sonko.
Cette série d’événements met en lumière les défis auxquels fait face le nouveau gouvernement sénégalais. Faye et Sonko, arrivés au pouvoir avec la promesse de réformes profondes, se heurtent à une opposition parlementaire déterminée à préserver les institutions existantes.
Le limogeage des présidents du CESE et du HCCT, malgré le vote de l’Assemblée, témoigne de la volonté du président d’avancer sur son agenda de réformes, quitte à créer des tensions institutionnelles.
La session extraordinaire du 5 septembre s’annonce donc cruciale. Elle pourrait soit marquer un tournant dans la réalisation des promesses de campagne de Faye, soit approfondir la crise politique.
L’issue de cette confrontation entre l’exécutif et le législatif aura des répercussions significatives sur la gouvernance et la stabilité politique du Sénégal dans les mois à venir.