Le ministre en charge de la Sécurité, Mahamadou Sana, veut sortir son département du peloton de tête des services corrompus au Burkina Faso.
Un objectif qu’il a martelé ce mardi à Ouagadougou devant les organes de contrôle de son ministère, réunis pour la première fois dans un nouveau dispositif baptisé Cadre de concertation des organes de contrôle.
Le ton employé par le ministre ne laisse guère de place au doute. « Pour 2026, il faut qu’on quitte le top 5. Ce n’est pas une option, c’est une obligation », a-t-il déclaré devant l’assemblée. La phrase tombe comme un couperet.
Enfin, les responsables devront rendre des comptes. Les chefs de service qui échoueront verront leur responsabilité engagée, précise-t-il. Une menace qui témoigne de la volonté affichée par le gouvernement de rompre avec les pratiques qui gangrènent l’appareil sécuritaire du pays.
Les services de sécurité burkinabè occupent régulièrement les premières places du classement national de la corruption établi par le Réseau national de lutte anti-corruption. Cette position peu enviable mine la confiance des citoyens et alimente les critiques contre les forces censées protéger la population. Le phénomène s’est même amplifié ces dernières années, paralysant l’action publique dans un pays déjà confronté aux défis du terrorisme. Bref, la situation ne peut plus durer.
Les mesures adoptées par le ministère traduisent une rupture tangible avec les anciennes méthodes. Le nombre de postes de contrôle routier a été considérablement réduit. De 400 environ, on est passé à 50. Les contrôles inopinés se multiplient. Des outils technologiques viennent désormais surveiller les agents. Tout fonctionnaire soupçonné de mauvaise conduite doit comparaître devant l’inspection. Les enquêtes sont systématiquement ouvertes dès qu’une allégation de corruption remonte à la hiérarchie.
L’inspecteur général Wendongoundi Hamadou Guigma salue la création de ce Cadre de concertation, institué par arrêté le 6 octobre 2025. Il y voit un espace d’échanges nécessaire pour coordonner les actions entre les différentes structures chargées du contrôle interne. Selon lui, certains comportements déviants ternissent les efforts de la majorité des agents engagés sur les fronts. Cette remarque n’est pas anodine dans un contexte où les forces de défense et de sécurité mènent des combats quotidiens pour reconquérir le territoire national.
Le thème de la rencontre – « Intégrité, honneur et responsabilité : valeurs fondamentales du service de sécurité » – résume l’ambition affichée. Mahamadou Sana a rappelé que le Burkina Faso s’est engagé dans la voie du développement malgré un contexte sécuritaire difficile. Néanmoins, la corruption continue de saper les efforts nationaux. Les rapports du REN-LAC pointent régulièrement du doigt les services de sécurité, classés parmi les plus touchés par le phénomène.
Cette session du Cadre de concertation constitue une première. Elle doit servir de plateforme pour harmoniser les méthodes de contrôle et créer une synergie entre les acteurs. L’objectif demeure clair : restaurer l’image du ministère de la Sécurité et redonner confiance aux populations dans les forces censées les protéger. Le délai fixé par le ministre court jusqu’en 2026, d’après l’Agence d’information du Burkina. Reste à savoir si les intentions proclamées se transformeront en résultats concrets sur le terrain.