Depuis le dimanche 19 octobre 2025, l’Université de Lomé (UL) abrite la cinquième édition de la formation des coiffeuses sur la santé mentale.
Une initiative dénommée Heal by Hair (Guérir par les cheveux, Ndlr) et portée par Bluemind Foundation, avec le soutien du Fonds d’innovation pour le développement (FID), en collaboration avec l’UL et le ministère de la Santé, de l’Hygiène publique, de la Couverture sanitaire universelle et des Assurances du Togo.

Ce lundi 20 octobre 2025, plusieurs responsables de divers instituts tels que ministériels, médicaux et universitaires, dont la représentante du président de l’Université de Lomé, à savoir Kpégba Kafui, ont assisté au lancement officiel de la formation destinée à 400 coiffeuses.
La santé mentale étant un enjeu considérable dans nos sociétés, il a été jugé bon d’outiller les coiffeuses à faire de leur lieu de travail des espaces de soutien psychologique et de bien-être mental pour les femmes, leurs clientes.

Selon l’OMS et des études récentes, la perte de productivité liée à la dépression et à l’anxiété coûte en moyenne 1 000 USD à 2 000 USD par personne et par an dans les pays à revenu faible et intermédiaire (en considérant absence au travail, sous-performance, soins informels, etc.), soit un peu plus de 650 000 FCFA par personne et par an dans les pays à revenu faible ou intermédiaire. Rapporté à l’Afrique, cela représente une perte annuelle estimée à 232,5 milliards USD
Concrètement, le but de Heal by Hair, c’est « permettre aux coiffeuses d’être de bonnes oreilles d’écoute », fait savoir Marie-Alix de Putter, la présidente de Bluemind Foundation, qui conduit cette initiative innovante et sociale.

« Le programme [Heal by Hair] a été déployé dans trois pays : le Togo, le Cameroun et la Côte d’Ivoire. À ce jour, nous avons formé près de 1 000 coiffeuses, dont 400 actuellement à l’université de Lomé. Je pourrais aussi rajouter qu’au-delà de la formation qui dure trois jours, nous les accompagnerons pendant six mois et tout cela gratuitement. », précise la présidente de la Bluemind Foundation.
Durant une période de six mois, un accompagnement sera proposé à la fois sur le plan individuel, en tenant compte des problématiques et situations propres à chaque participante, et sur le plan collectif, à travers des rencontres mensuelles animées par des psychiatres et psychologues de la fondation.

À travers cette formation, la Bluemind Foundation entend également déconstruire les stéréotypes liés à la santé mentale. Pour beaucoup, une personne atteinte de troubles mentaux est celle-là qui se promène dans la rue. Cependant, force est de constater que tous, autant que nous sommes, sommes sujets à des troubles de la santé mentale, comme en témoigne Da Silvera Tele Akouagbé, coiffeuse ambassadrice en santé mentale Heal by Hair.
« La santé mentale n’est pas uniquement qu’une question d’habillement, de comportement dans la société ou d’une façon d’être ; c’est l’ensemble des signes qui interviennent que ce soit dans nos vies professionnelles, amoureuses et qui affectent notre façon de réfléchir et de penser. [Cela] peut également être lié au stress, à la dépression ou à la perte d’une personne chère… », indique Da Silvera Tele Akouagbé.

Au-delà des symptômes connus et usuels, cette formation éclaire davantage les bénéficiaires, qui découvrent d’autres signes d’une santé mentale instable, comme la perte des cheveux, un changement d’habitude brusque, la méfiance, etc.
Conscientes de cette réalité de plus en plus frappante, les participantes à cette édition de la formation Heal by Hair espèrent que ces trois jours leur permettront de profiter des mêmes expériences et enseignements que les précédentes bénéficiaires.

« On a écouté beaucoup de témoignages et cela nous a plu. Nous espérons que nous aussi nous allons sortir de cette formation bien compétentes pour accompagner nous aussi nos clientes à préserver leur couple, leur famille et aussi leurs relations amicales », livre Pesse Pilao, participante de la 5e édition de Heal by Hair.
Durant les trois jours du programme, plusieurs activités attendent les bénéficiaires et participantes, notamment des sessions de formations théoriques et pratiques, des panels, des séances de sport, etc. Dans son allocution, la présidente de la Bluemind Foundation a réitéré son ambition de former plus d’un million de femmes d’ici 2027. Et pour ce faire, l’organisation posera ses valises dans la ville de Kara, au nord du Togo, en 2026.