Sans le financement du FMI, le Sénégal se tourne vers…

Présidence de la BAD : le Sénégal passe à l'offensive diplomatique

Crédit Photo : Pexel / © aboodi vesakaran

Après le retrait du financement du FMI, le Sénégal démontre sa résilience économique en lançant une stratégie audacieuse de financement domestique.

En effet, privé du soutien du Fonds Monétaire International (FMI), le pays engage une émission obligataire qui traduit sa volonté de maintenir la stabilité budgétaire malgré des défis majeurs.

Le mercredi 26 mars 2025 marque un tournant pour l’économie sénégalaise. Le gouvernement a officiellement lancé un appel public à l’épargne portant sur 150 milliards de francs CFA (environ 247 millions de dollars), une opération cruciale qui intervient après la suspension du programme de financement du FMI.

Les révélations récentes ont profondément ébranlé la confiance internationale. Le FMI a mis en lumière 7 milliards de dollars de dettes non déclarées, contractées entre 2019 et 2024.

Ces « passifs non comptabilisés » comprennent des garanties d’État, des engagements d’entreprises publiques et des partenariats public-privé qui ont considérablement détérioré la situation budgétaire du pays.

Les conséquences sont immédiates : les agences de notation Moody’s et Standard & Poor’s ont dégradé la note souveraine du Sénégal, passant respectivement de B+ à B3 et de B+ à B, avec une perspective négative.

La dette publique, initialement estimée à 76% du PIB fin 2023, atteindrait désormais près de 99,67%, tandis que le déficit budgétaire réel dépasserait les 12%.

Face à cette situation critique, le gouvernement de Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko a choisi une stratégie de résilience.

L’émission obligataire proposera quatre tranches d’une durée allant de 3 à 10 ans, avec des taux d’intérêt attractifs variant entre 6,40% et 6,95%. La tranche principale de 70 milliards FCFA, assortie d’un taux de 6,60%, vise à couvrir les besoins budgétaires de l’exercice 2025.

Le marché régional de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA) devient ainsi le principal recours. Cette approche permet aux États membres d’émettre des titres en francs CFA auprès d’investisseurs institutionnels locaux et régionaux, offrant une alternative plus accessible que les marchés internationaux actuellement fermés.

Les souscriptions, ouvertes jusqu’au 18 avril 2025, constituent un test crucial pour jauger la confiance des investisseurs.

Le succès de cette opération conditionnera la capacité du Sénégal à restaurer sa crédibilité financière et à négocier un nouveau cadre de coopération avec le FMI, probablement à partir de juin prochain.

Un spécialiste du marché souligne l’attractivité de la stratégie : « Les autorités cherchent à renforcer la partie longue de leur courbe domestique, à un moment où l’accès aux euro-obligations est fortement compromis. »

Le défi est de taille : réussir cette levée de fonds, restaurer la confiance internationale et opérer des réformes structurelles profondes. Le Sénégal navigue entre prudence financière et ambition de redressement.

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